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À LA RECHERCHE DU MEILLEUR PORTEFEUILLE AGRESSIF GRÂCE AUX BACKTESTS

Il est psychologiquement extrêmement difficile de ne pas chercher à surperformer. Ainsi, de nombreux lecteurs ne désirent pas se contenter d’un simple ETF Monde, et ils sont à la recherche du meilleur portefeuille agressif. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose, car plus on est jeune et l’on a de temps devant soit, et plus l’on peut prendre de risque … dans la mesure où l’on est très solide psychologiquement. Ce qui est un don peu courant chez les investisseurs.

Aussi, j’ai donné de nombreuses pistes dans le livre « Créer et piloter un portefeuille d’ETF » et même des exemples de portefeuilles. J’ai expliqué dans le livre que je n’avais pas donné la performance historique de ces portefeuilles (que l’on appelle « Backtest »), car certaines classes d’actifs avaient un historique trop court et parce que les chapitres précédents permettaient d’avoir une intime connaissance de ces classes d’actifs au-delà des chiffres. Cependant, certains lecteurs auraient malgré tout aimé avoir des backtests.

Le portefeuille d’ETF agressif

Alors, faisons l’exercice sur un portefeuille « agressif ». Un portefeuille agressif peut signifier des choses très différentes pour chacun d’entre nous, mais simplifions les choses. Prenons un portefeuille agressif surpondéré en small value (petites capitalisations mal valorisées) et en pays émergents. Il est possible de mettre en place ce portefeuille dans le cadre d’un PEA.

Le portefeuille est composé des différentes lignes suivantes :

  1. Grandes et moyennes capitalisations américaines (MSCI USA, mais un ETF S&P 500 est équivalent).
  2. Small Caps Value Europe. Mais étant donné que le seul ETF Small Value Europe (de SPDR) n’est pas toujours facilement accessible (il est mal référencé par les courtiers), j’ai pris aussi en compte une alternative, l’indice Small Caps Zone Euro (il existe un ETF de Lyxor qui fait l’affaire).
  3. Pays émergents.

Comme j’aime les choses simples, je n’ai que 3 lignes. Ça ne couvre pas toutes les zones géographiques, mais n’est déjà pas si mal. Naturellement, ici il ne s’agit que du portefeuille actions. Il faut le compléter par un bon fonds en euros. Cependant, ce n’est pas le sujet de ce billet. Concentrons-nous sur la partie actions.

Backtest depuis 2000

En prenant les indices MSCI, dividendes (nets) compris, on peut remonter à la fin de l’année 2000. On peut croire qu’un backtest de 17 ans, durant lesquels il y a eu plusieurs crises (crises des dot.com en 2000, crise des subprimes en 2008, et crise de l’euro en 2011), est un bon point de départ.

Les performances annualisées ont été les suivantes :

  • Monde : 3,7%
  • États-Unis : 4,1%
  • Zone Euro Small : 8%
  • Europe Small Value : 9,1%
  • Pays Emergents : 8,5%

Pas besoin de calculs compliqués, le portefeuille agressif aurait fait largement mieux qu’un indice monde. C’est ce que l’on attendait !

Les pertes maximales des différents indices depuis 2000

Mais regardons tout de même le risque des différentes lignes du portefeuille. Pour moi, les pertes maximales sont un meilleur indicateur que la volatilité.

Les pertes maximales ont été les suivantes :

  • Monde : -49%
  • États-Unis : -56%
  • Zone Euro Small : -61%
  • Europe Small Value : -64%
  • Pays Emergents : -56%

À chacun de voir si le risque pris en vaut la chandelle. Mais 65% de baisse (pour les petites capitalisations mal valorisées), c’est vraiment beaucoup. Pour rappel, il faut multiplier par trois son portefeuille pour revenir au niveau initial. Avec un portefeuille monde, il « suffisait » de faire X2.

Bien sûr, on peut optimiser les choses en se disant que ce ne sont pas des lignes très corrélées et que l’effet rebalancing doit jouer. Dans la réalité, l’impact sur le risque est assez faible. Un portefeuille composé à parts égales d’actions américaines, de Small Caps Value Europe et d’actions des pays émergents a baissé de 54%. En comparaison, la baisse moyenne de ces trois zones a été de 57%. L’effet « portefeuille » est malgré tout toujours bon à prendre.

Backtest depuis 1987

Essayons tout de même de voir si l’on peut encore remonter un peu plus loin dans le temps. Si l’on exclut les dividendes, il est possible de remonter jusqu’en 1987 (techniquement on a les données uniquement en dollars qu’il faut transformer en euros-francs). Naturellement, les dividendes sont dus aux actionnaires et devraient rentrer dans la performance. Ici on ne les comptabilise pas, uniquement parce que MSCI n’a pas l’historique des dividendes pour certaines zones géographiques avant certaines dates. Il faudrait ajouter quelques pour cent à la performance de l’indice nu (sans dividendes), pour savoir quelle performance aurait eu un investisseur en ETF.

Surprise ! Les États-Unis font jeu égal avec les pays émergents. Pourtant, la croissance a été bien supérieure dans les pays émergents. Cela étant les deux zones géographiques surperforment un indice monde.

L’effet est dû à la période d’analyse et non au possible différentiel de niveau des dividendes. On se retrouve avec des pays émergents avec une plus forte volatilité et pas plus performants. Ainsi, la volatilité, a été de 22,7% pour les pays émergents, 15,6% pour les États-Unis, et 14,8% pour le monde (le tout en euros, je le rappelle). En revanche, la perte maximale a été supérieure sur les actions américaines !

Et pour les autres lignes dont nous avons parlé plus haut ? Si on veut toutes les avoir, sans les dividendes, il est possible de remonter en 1996.

Les performances annualisées ont été les suivantes :

  • Monde : 4,8%
  • États-Unis : 6,5%
  • Zone Euro Small : 7%
  • Europe Small Value : 8,3%
  • Pays Emergents : 4,5%

Tiens les pays émergents ont bien sous-performé sur cette période ! Aussi, il faut noter que si l’on intégrait les dividendes, le small value superformeraient encore un peu plus, car les entreprises value ont tendance à avoir des dividendes plus importants que le reste de la cote. À titre d’exemple, l’indice MSCI World Small Cap Value a, en ce moment, un rendement sur dividende de 2,6% alors que le MSCI World a un rendement sur dividende de 2,3%.

Attention aux backtests

Alors que retenir de tout cela ?

Il faut faire attention aux backtests, car les résultats peuvent être très différents en fonction des périodes. Il est donc nécessaire de faire des analyses sur des données historiques réellement anciennes et surtout comprendre les dynamiques de chaque classe d’actifs ou zone géographique. Pour cela, il faut s’appuyer sur les travaux des chercheurs de renommée dont c’est le métier. Aussi, c’est pour cette raison que « Créer et piloter un portefeuille d’ETF » fait 250 pages, et ne se résume pas à un backtest depuis l’an 2000. On y apprend, par exemple, pourquoi le small value a une tendance naturelle à surperformer (mais pas nécessairement si l’on prend en compte le risque) et les pays émergents n’ont pas nécessairement une tendance à surperformer sur le plan boursier aussi forte que leur surperformance économique pourrait le faire espérer.

Ce billet n’est clairement pas un appel, malgré les chiffres attrayants, à faire un « all-in » sur le small value. Une saine diversification est absolument indispensable. Cependant, le smart beta me semble intéressant pour l’épargnant qui prend le temps de comprendre et à des nerfs particulièrement solides.

Au delà, du livre, cet article du blog est un bon point de départ pour comprendre le smart beta. Pour avoir plus d’informations sur les pays émergents, cet article est aussi un bon point de départ.

 

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5 commentaires

  1. J’ai fais 2/3 backtests sur le site MSCI, c’est vraiment génial pour les débutants !

    Le MSCI Europe Momentum gagne sur le MSCI Europe Small Value Weighted depuis 1996 (NTR USD) !

    Toutefois les ETF qui suivent ces indices Europe Momentum ne sont plus éligibles au PEA… Je trouve ça étonnant pour des ETF Européens, il doit forcement y avoir des conditions autres que la géographique pour ne pas rentrer dans cette enveloppe fiscal.

    Le MSCI Europe Small Cap Momentum est assez impressionnant.

    1. où as-tu trouvé la fonctionnalité backtest sur le site MSCI ?

  2. Merci pour votre réponse, je compte investir quoi qu’il arrive dans mon pea, quite à prendre des small cap europe simples si les values ne sont pas disponibles sous l’enveloppe.
    Ma question est de savoir si ce choix est judicieux sachant que je suis déjà massivement investi sur l’europe via mon pee. D’un côté je me dis qu’investir dans des petites valeurs peut être interssant pour la diversification, mais de l’autre je me dis qu’il faudrait que j’evite l’Europe quite à ne prendre qu’un sp500 et un pays émergents.

  3. Bonjour, est-ce que l’achat d’un etf small value europe est une bonne idée sachant que j’ai déjà un PEG/PERCO sur pondéré qui est concentré principalement sur la France et la Belgique (mais qui ou les small caps ne sont presque pas présentes).