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COMBIEN FAUT-IL D’ACTIONS POUR BIEN DIVERSIFIER SON PORTEFEUILLE ?


POINTS CLÉS

  • Concentrer un portefeuille d’actions est extrêmement risqué. Certaines études ont montré que les actions avec 80% de chances de faire moins bien que le cash.
  • Les ETF permettent de diversifier pour un coût très faible et une tranquillité d’esprit difficilement égalable.

Je tiens à partager avec vous quelques réflexions sur la diversification. On entend parfois que le meilleur moyen d’avoir une bonne performance est de concentrer son portefeuille. Cela n’est pas complètement faux. Si l’on a un portefeuille, on a plus de chance d’avoir une performance supérieure à celle du marché … mais aussi plus de chance de faire moins bien !

La diversification géographique est indispensable

J’ai écrit un article « Les bourses mondiales sont-elles vraiment corréllées » qui montre que, bien que les bourses mondiales soient plus corrélées qu’avant, sur le long terme la différence de performance pouvait être significative. L’épargnant a donc tout intérêt à diversifier son portefeuille.

Regardons maintenant ce que signifierait investir, en direct, dans un portefeuille d’actions concentré.

Les chances d’avoir une mauvaise performance avec un portefeuille d’actions concentré, sur le court-moyen terme : fortes en dessus de 20 actions

1 million de portefeuilles avec un nombre d’actions différentes

Pour cela, j’ai pris toutes les sociétés actuellement cotées sur Euronext, existant il y a cinq ans, soit plus de 700 sociétés et j’ai étudié la performance (sans prendre en compte les dividendes) de divers portefeuilles sur ces cinq années. J’ai créé 1 million de portefeuilles équipondérés de 1 à 500 lignes. Le graphique suivant montre l’impact sur l’écart type des performances, la probabilité d’avoir une performance inférieure à 0 et la probabilité d’avoir une performance supérieure à 15% annualisée. La performance moyenne des actions a été de 8,5% et la performance médiane de 9,5%.

On retrouve ce que l’on entend et lit souvent : un portefeuille d’une quinzaine d’actions est bien diversifié. En prenant au hasard vingt actions, il y a une chance sur vingt d’avoir une performance négative alors qu’en prenant au hasard une action il y avait 27% d’avoir une performance négative.

Le biais du survivant

Le problème avec cette analyse est que je regarde les entreprises d’aujourd’hui sur les cinq dernières années. Cela veut dire que je ne prends pas en compte ce que l’on appelle « le biais du survivant ». Que sont devenues les sociétés présentes il y a cinq ans et qui n’existe pas aujourd’hui ? Elles ont assez certainement mal performé.

Je n’ai pas à ma disposition la base de données permettant d’étudier ce que sont devenues ces sociétés. Mais d’autres ce sont penchés sur le sujet.

Les chances d’avoir une mauvaise performance avec un portefeuille d’actions concentré, sur le moyen-long terme : fortes en dessous de … 1 000 actions

60% des actions ont sous-performé leur benchmark entre 1983 et 1986

Alpha Architect montre dans un de ses articles sur son blog que 60% des entreprises ont sous-performé leur benchmark aux États-Unis entre 1983 et 2016. Ce chiffre est d’autant plus significatif que l’étude équipondère les entreprises, il y a donc plus petites capitalisations que dans le benchmark … et les petites capitalisations sont censées surperformer.

L’immense majorité des actions a fait moins bien que les livrets, et quelques une ont eu une performance exceptionnelle

Une récente étude de Hendrik Bessembinder « Do stocks outperform treasury bills ? » est remonté jusqu’en 1926. Il a découvert un certain nombre de choses très intéressantes :

  • Moins de 50% des actions (sur leur durée de vie) ont fait mieux que le cash
  • La durée de vie d’une action est légèrement supérieure à cinq ans (après il y a fusion, délisting, etc.)
  • En extrapolant ces chiffres et en prenant en compte le fait que les petites entreprises sur-performent le marché, une stratégie sélectionnant une entreprise a 96% de faire moins bien que son benchmark, c’est-à-dire la performance de l’ensemble des actions pondérée par capitalisation. La probabilité de surperfomer le cash est de seulement 20%.
  • 26 000 actions sont apparues sur cette période, mais seulement 1000 ont généré 100% de la valeur pour les actionnaires. Donc très peu d’actions ont des excellentes performances et beaucoup ont une très mauvaise performance. Exxon, Apple, General Electric, Microsoft et IBM ont apporté, à elles seules, 10% de l’ensemble de la richesse crée pour les actionnaires aux États-Unis. Vous pouvez voir ci-dessous la concentration de la valeur ajoutée en fonction du nombre d’entreprises. Les 150 meilleures actions (sur 26000) ont créé 60% de la richesse.

L’être humain est naturellement tenté d’identifier ces entreprises extraordinaires. C’est le biais cognitif du « lottery ticket » dont je parle dans l’article « l’épargnant est son meilleur ennemi ». Mais c’est un jeu très risqué et statistiquement plus que perdant.

Ainsi, on peut dire que pour réellement diversifier son investissement et investir sur les bons chevaux, il faut investir dans des milliers d’actions.

La solution pour bien diversifier son épargne : les ETF

Alors combien faut-il de sociétés en portefeuille ?

Il y a toujours eu débat sur le niveau de diversification nécessaire. Cependant, il paraît clair que 20 est un minimum, surtout si l’on veut investir internationalement. Il n’est pas aisé lorsque l’on investit en direct de piloter un portefeuille de 500 sociétés. Les ETF sont une solution élégante à cette problématique.

Avec des ETF vous pouvez investir dans des milliers d’actions en quelques clics

Ainsi, le risque d’un portefeuille non diversifié est surtout de ne pas inclure ces entreprises exceptionnelles. En investissant dans l’ensemble du marché, grâce aux ETFs, vous êtes certains de posséder au moins une petite part de ces entreprises.

Par exemple, en vous appuyant sur un ETF Monde vous allez suivre plus de 1500 sociétés, et si vous ajoutez un ETF Pays émergent vous ajoutez encore plus de mille sociétés cela peut monter très vite.

La façon la plus simple et la plus performante est clairement d’utiliser les ETF.

Je vous souhaite le meilleur pour votre épargne … et surtout pour tout le reste.

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4 commentaires

  1. Bonjour Edouard,
    merci beaucoup pour vos posts de blog, toujours précis et bien documentés, je m’inspire beaucoup de vos articles pour arbitrer les placements. Avez-vous une idée de la date de sortie de votre 2e livre que j’ai hâte de lire ?
    Bonne continuation !

    1. Edouard Petit dit :

      Bonjour Thomas,

      Merci pour les encouragements. J’ai déjà écrit le 1er jet en entier. Je suis aux 2/3 de la deuxième passe. Les passes sont de moins en moins longues à faire, mais ça prend tout de même du temps.
      Je vais aussi le faire relire par des tierces parties, ça peut prendre du temps.
      Mon objectif était de la finir cet été afin de le sortir à la rentrée. Mais ça ne va pas être facile …

  2. Guillaume dit :

    Bonjour Edouard,

    Bravo pour votre site qui est une vraie mine d’informations utiles et intéressantes, continuez !
    Sur vos conseils, j’ai ouvert un PEA avec un seul indice, le MSCI World d’Amundi, afin de simplifier et de ne pas avoir à rééquilibrer en permanence.
    Récemment, j’ai touché une somme de plusieurs dizaines de milliers d’euros et je ne sais pas comment l’investir. J’ai déjà un placement considérable en fonds euros de qualité donc je souhaite placer ces fonds en actions. Or le marché paraît gonflé à l’heure actuelle selon les spécialistes, et les multiples de valorisation.
    Que faut-il faire dans cette situation particulière selon vous ? Faut-il :
    1. tout investir en un coup
    2. continuer d’investir un même montant au même rythme
    3. attendre que le marché atteigne son prochain “plus-bas” pour tout investir
    4. autre solution ?

    1. Edouard Petit dit :

      Bonjour Guillaume,

      J’ai écrit un article sur le sujet ici.
      Vous devriez y trouver vos réponses.

      Edouard