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QUE SE PASSERA-T-IL QUAND TOUT LE MONDE SERA INVESTI EN ETF ?

La croissance des ETF est assez incroyable. On atteint désormais plus de 10% de part de marché aux Etats-Unis. Depuis 1997, les encours sous gestion des ETF n’ont jamais baissé et ont eu une croissance annuelle de 25% par an depuis 10 ans. Il faut dire que les avantages sont vraiment importants : peu chers, performants et très transparents.

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Aux Etats-Unis, des fonds non négociés en bourse suivent aussi pour un coût modique des indices. Si on somme les ETF et ces fonds indiciels, la part de marché de ce que l’on appelle la gestion passive devient vraiment significative. On passe à plus de 20% de part de marché et largement plus chez les professionnels (fonds de pension etc.). Ce pourcentage est encore plus élevé sur la gestion en actions. Selon Morningstar, fin 2015, 40% des encours sous gestion traitant du marché actions américain étaient en passif !

Cette tendance n’est pas près de s’arrêter car les flux d’argent vont majoritairement dans la gestion passive. En 2015, toujours selon Morningstar la gestion active a perdu 200 Mds de $ tandis que la gestion passive en a gagné 400 !

Certains, voient cela d’un mauvais œil ! Les critiques, venant principalement des gérants actifs, dont des gérants de hedge funds (ceux qui ont du temps peuvent lire la lettre de Bill Ackman à ce sujet, mais attention, au-delà du fait que je ne suis pas d’accord sur tout, il y a des erreurs significatives), sont les suivantes : il y a une bulle de l’indiciel, l’indiciel crée de la volatilité, l’indiciel crée des marchés aberrants, la gouvernance des entreprises est mise à mal, l’indiciel va créer des opportunités formidables pour les gérants actifs etc.

Je vais essayer de répondre à quelques points. Mais en premier lieu, il faut bien comprendre qu’il est impossible que la gestion d’actifs devienne uniquement indicielle. L’homme est ainsi fait, il va toujours y avoir des gens qui vont vouloir être meilleur que les autres et tenter de surperformer le marché. En plus, suivre le marché n’est vraiment pas très drôle, je suis bien d’accord ! Il y aura toujours des gérants actifs, et les investisseurs passifs peuvent effectivement remercier les épargnants qui payent pour ces gérants actifs, car c’est eux qui font les prix des actions. Les investisseurs passifs ne font que suivre le mouvement.

Cela veut-il dire que les épargnants passifs sont uniquement des profiteurs ? C’est certainement une façon de voir les choses. Mais on peut aussi dire que l’indiciel rend la gestion d’actif dans son ensemble, donc y compris la gestion active, plus transparente et moins chère.

Commençons par le prix. Alors que la gestion passive prenait du terrain, les frais des fonds a largement diminué. Voyez la courbe des frais des fonds actions aux Etats-Unis : on est passé de 1% à 0,7%. C’est normal, la compétition fait rage. Malheureusement, en France on a encore des frais beaucoup plus élevés pour les fonds actifs.

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Mais d’ailleurs, ces fonds actifs sont-ils si actifs que cela ? De nombreuses études se sont posé cette question. Je ne vais pas rentrer dans le détail du calcul permettant d’évaluer le taux d’activité mais sachez que c’est possible (faites une recherche sur le mot « active share » sur Internet). Les régulateurs (en l’occurrence l’ESMA en Europe) sont en train de se poser la question, car ils ont découvert que de nombreux fonds suivaient à la trace les indices sans le dire et en facturant des frais comparables à des fonds actifs. Morningstar, a récemment sorti un rapport qui démontre que plus les marchés étaient volatils plus les gérants actifs faisaient en fait du passif. Évidemment, un gérant n’a pas du tout envie de sous performer un indice lors d’un krach, il tient à son boulot ! Ces fonds font ce qu’on appelle du « closet indexing ». Cela existe depuis très longtemps, mais bizarrement tant qu’ils pouvaient facturer ces fonds au prix fort les gérant actifs ne pensaient pas que l’indiciel pouvait avoir des effets négatifs sur le marché !

Pourquoi vous ai-je raconté cela ? Parce que dans l’étude «The Mutual Fund Industry Worldwide: Explicitly and Closet Indexing, Fee, and Performance»,  on apprend que plus un pays a des ETFs moins les frais des fonds sont élevés et moins il y a du closet indexing. Les ETFs rendent la gestion d’actif plus vertueuse ! C’est au bénéfice de tous les épargnants.

Traitons désormais du sujet de la bulle de l’indiciel. C’est Bill Ackman qui a popularisé cette expression. En effet, les flux vers les indices les plus importants, tels que le SP500 sont très importants. On peut alors se dire que tout cet afflux d’argent va créer une bulle. Effectivement, depuis 5 ans les S&P 500 a fait mieux que les actions hors S&P 500 ; mais depuis 10 ans il n’y a pas vraiment de différence. Difficile de savoir si les grandes capitalisations sont surévaluées par rapport aux petites capitalisations, ou le contraire d’ailleurs.

« Last but not least », le développement de l’indiciel créerait des opportunités formidables pour les gérants actifs et les épargnants qui leur font confiance. C’est mathématiquement impossible. Les investisseurs ont, en moyenne, la performance de l’indice moins les frais. Et comme il sera très certainement toujours impossible de savoir à l’avance quel gérant tirera son épingle du jeu, on en est toujours au même point. De plus, la compétition entre gérants actifs sera encore plus féroce, car il ne restera probablement plus que les meilleurs, qui se battront entre eux. Le résultat de leur bataille donnera le marché. Vous pourrez donc acheter le résultat de l’intelligence collective de ces meilleurs gérants pour presque rien.

Mais pour conclure, rappelons que les investisseurs actifs ont un rôle sociétal car c’est eux qui forment les prix. Sans eux, l’investissement et en particulier la bourse n’existerait pas. Cela étant, grâce aux ETF « Smart Beta », vous pouvez mettre des stratégies que l’on pourrait presque appeler active, ou en tout cas, qui ont un effet sur la formation des prix, pour un coût largement inférieur à un OPCVM classique et avec une transparence beaucoup plus grande.

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7 commentaires

  1. Bonjour
    J’ai lu votre livre que je trouve vraiment très bien écrit, très simple et agréable à lire. Je lis aussi régulièrement vos interventions sur un autre forum.
    J’avoue être un peu perdu : la gestion passive est-elle plus efficace sur du long terme que l’achat d’actions à dividendes ?

    Est-il préférable d’acheter un tracker world et d’y investir régulièrement, ou d’acheter des actions à dividendes et de réinvestir ces derniers pour bénéficier des intérêts composés ?
    Merci par avance de votre avis éclairé

    1. Bonjour,
      les dividendes croissant sont une stratégie correcte qui convient à certaines personnes. Pour moi, un bon ETF dans une bonne enveloppe fiscale (avec un bon fonds en euros) est plus performé et mieux adaptés à la plupart des gens.

    1. Il y a plein de critiques sur l’investissement passif et bien heureusement. Mais sincèrement les arguments sont loin de me convaincre. Il n’y a jamais aucun chiffre pour soutenir les soit disantes démonstrations.

  2. Tetrapil dit :

    Il y a un aspect que vous ne mentionnez pas dans votre article : la différence entre titres inclus dans les principaux indices et titres exclus. On peut imaginer que le poids croissant de la gestion indicielle puisse avoir un impact sur la valorisation relative de ces 2 sous-ensembles : pour simplifier les grandes valeurs devenant sur-evaluées relativement aux petites valeurs.
    Qu’en pensez-vous ?

    1. Edouard Petit dit :

      Il y a aussi des ETF small cap et surtout les fonds actifs classiques suivent aussi des indices, le problème serait aussi sur les fonds actifs.
      Je ne pense pas qu’il y ait un flux particulier vers les grandes caps, en tout cas pas plus qu’avant.
      Mais je pense que les gens s’intéressent plus aux grandes caps plutôt qu’aux small.
      A la radio ou à la télé on entend parler que des grandes caps dans les émissions de bourses.

      Mais je pense aussi que cela peut expliquer la surperformance des smalls … depuis le début du siècle dernier.

      Par ailleurs, le graphique suivant montre que la cherté des large cap est loin d’être claire:
      Small vs large