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LES BOURSES MONDIALES SONT-ELLES VRAIMENT CORRELLEES ?

On entend souvent que les bourses mondiales sont de plus en plus corrélées et que quand Wall-Street éternue le reste du monde s’enrhume. Dans ces conditions cela vaut-il la peine de diversifier ses classes d’actif et en particulier géographiquement ?

L’évolution de la corrélation : l’exemple entre les Etats-Unis et la France

Si l’on regarde, par exemple, l’évolution de la corrélation entre la bourse française et américaine, on voit bien que cette corrélation augmente progressivement, même si elle varie très largement. Elle dépasse même assez souvent 90% depuis une quinzaine d’année. Je ne l’ai pas représenté sur ce graphique mais la corrélation entre l’Europe et les pays émergents peut être aussi très élevée.

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Et c’est presque bien pire que cela ! En fait, la corrélation a une certaine tendance à augmenter lors des Krach. Il est alors très difficile de trouver un havre de paix. Par exemple, lors de la crise des subprimes, tous les actifs ont lourdement chuté. Entre fin octobre 2007 et fin mars 2009, la bourse américaine a perdu 57% (en Euros, dividendes nets réinvestis), l’Europe 49%, le Japon 58%, les émergents 56%. Ces quelques pourcents de différences n’auront pas un impact significativement différent sur votre état mental. Ce sera difficile à vivre.

Certains types d’actions n’ont pas évolué de la même façon

Cependant, il y a quelques lueurs d’espoir.

Les sociétés immobilières cotées

En premier lieu, il peut y avoir des classes d’actifs qui peuvent baisser de temps en temps un peu moins que le reste du marché. On pense notamment aux actions investissant en immobilier professionnel, les SIIC (REIT en anglais). N’hésitez pas jeter un œil sur cet article sur les foncières cotées pour en savoir plus sur ces foncières cotées.

Ce n’est pas gagnant à tous les coups, en effet pendant la crise dont nous parlions ci-dessus les SIIC Françaises ont perdu tout de même 45%. Il faut dire que ces sociétés ont certes de l’immobilier, bien tangible, mais aussi de la dette … pas franchement rassurant pendant une crise financière.

Cependant, elles ne se sont pas toujours comportées comme ça. Par exemple, pendant l’éclatement de la bulle internet, elles ont très bien résisté. Entre début septembre 2000 et septembre 2002, le marché américain a perdu un peu plus de 50% et le marché français un peu plus de 50%. Pendant ce temps-là les SIIC américaines gagnaient plus de 25%. Mais, selon la théorie financière, le fait d’avoir moins de risque, et en particulier pendant les grandes crises signifie que l’on aura moins de performance.

Les actions de type Value

Par ailleurs, pendant ce krach d’autres classes d’actifs ont plutôt bien performé. Par exemple, les entreprises de types « value », donc pas de croissance, donc pas Internet ont beaucoup mieux résisté. Les grandes valeurs value ont perdu « seulement » 25% mais les petites capitalisations value ont été positives. Pour en savoir plus, sur les actions de type value et ce que l’on appelle les smart beta, c’est par ici.

La diversification géographique

La diversification géographique peut aussi très bien fonctionner. Entre Juillet 2011 et Juin 2012 la bourse française perdait plus de 20%, la bourse Européenne (dont incluant le Royaume-Unis) seulement 10% et les USA prenaient 20%. Au final, le monde était positif de 6% alors que le CAC 40 prenait de plein fouet la crise de l’Euro. Apparemment, Wall-Street ne s’enrhume pas quand l’Euro éternue.

Tout cela pour dire que l’on n’en sait rien. Certaines classes d’actif peuvent chuter, d’autres pas … Il vaut donc mieux diversifier. Ça ne marche certainement pas à tous les coups. Mais le fait que cela marche de temps en temps est un petit plus !

Il vaut mieux regarder le différentiel de performance sur le moyen terme

Performance annualisée sur 15 ans

Mais attention, la démonstration n’est pas finie. Vous trouverez ci-dessous un tableau avec la performance annualisée sur un peu plus de 15 ans de nombreuses classes d’actifs (en Euros, dividendes nets réinvestis) :

Europe 1,9%
France 0,9%
Allemagne 2,2%
Italie -2,8%
UK 2,0%
Europe petites capitalisations 8,1%
Europe petites capitalisations value 8,6%
Europe Value 1,3%
Japon 0,4%
Marché émergents 7,0%
USA 3,0%
USA petites capitalisations 7,0%
USA Value 2,6%
USA petites capitalisations value 9,1%
World 2,6%
World petites capitalisations 7,0%
World Value 2,4%

Comme vous le voyez, les différences sont très importantes. Et elles étaient impossibles imaginer par avance. Sous cet angle, les bourses sur 15 ans ne sont pas vraiment corrélées. Et si l’on veut dormir tranquille et ne pas risquer de miser sur le mauvais cheval, ma conviction est qu’il faut vraiment diversifier !

Performance annualisée depuis 1900

On peut aussi regarder à plus long terme. Voici la performance annuelle de 1900 à 2015, net d’inflation de quelques pays. N’oubliez pas de prendre en compte les intérêts composés, la différence entre les pays est en réalité gigantesque.

  • USA : 6,4%
  • France : 3,2%
  • Allemagne : 3,3%
  • Italie: 2%
  • Afrique du Sud : 7,3%
  • Japon : 4,2%
  • Monde : 5%

Conclusion : diversifier géographiquement est une bonne pratique de gestion du risque

Ainsi, si vous construisez un portefeuilles d’ETF, il faut choisir les indices les plus larges possibles et tenter d’inclure le plus grand nombre de géographies et de type d’entreprises possibles. Cependant, il ne faut pas le faire à n’importe quel prix. Il ne faut pas chercher la diversification totale à tout prix. Certains ETF sont soit chers, soit peu liquides, soit avec peu d’encours. Il faut les éviter.

Cependant, déjà avec un tracker World vous couvrez 80% de la capitalisation mondiale. Si vous ajoutez un tracker émergent et un tracker small cap Europe vous couvrez 90% de la capitalisation mondiale.

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2 commentaires

  1. Edouard Petit dit :

    Bonjour,
    Comme je le dis dans l’article, c’est finalement pas vraiment corrélé à moyen long terme. Mais le tracker World est déjà très diversifié. Donc faire un portefeuille de trackers qui mime un ETF World (55% d’USA etc.) peut apporter des avantages (frais plus faibles, capacité à faire du rebalancing, potentiel diversification des émetteurs). Cependant, ces avantages sont compensés par une plus grande complexité.
    Donc pour répondre directement à la question, si vous faites un portefeuille de trackers avec 55% d’USA vous allez profiter de la montée (et de la baisse) du SP500 dans les mêmes proportions qu’un ETF World.

  2. Bonjour Edouard,

    Votre article tombe à pic car j’ai posté dans ce message sur le forum d’IH mes interrogations sur ce point => http://www.devenir-rentier.fr/t8698-16#p183046
    Pour résumer mon post, j’ai regardé sur Bloomberg les courbes des ETF suggérés par smartportfolio.org sur les 5 dernières années (même si c’est peu j’en conviens), et je les trouve justement extrêmement corrélées. Mon interrogation finale était la suivante :
    “Quel bénéfice tirer de cette diversification dans la même classe d’actif (Actions) ? Cela vaut-il le coup de multiplier les frais de transaction pour une volatilité équivalente à un unique ETF Monde ?
    En effet, le seul bénéfice (et peut-être est-ce là le principal) que j’y vois, c’est de mieux profiter de la hausse du SP500 qui semble tirer la performance globale.”

    Qu’en pensez-vous ?