EST-CE QUE LES ETF SMART BETA ONT PERFORME DEPUIS QUE C’EST A LA MODE ?
Les ETF Smart Beta, dont les principes ont été expliqués dans l’article « Surperformer le marché grâce au Smart Beta ? » sont de plus en plus populaires. Mais, depuis qu’ils se sont popularisés la performance a-t-elle été au rendez-vous ?
Regardons ce qui s’est passé dans les dernières années sur différentes zones géographiques.
Le Smart Beta en Europe
En premier lieu, regardons la zone « pays développés » (World dans le langage MSCI). Depuis 4 ans le monde développé a fait 12% par an, le monde value 11%, le monde small 12,9%, le monde minimum volatility 13,7% et le monde momentum 14,6%. A part le value, on peut dire que les facteurs ont vraiment bien performé. Si on regarde sur 1 an, c’est aussi plutôt pas mal, par exemple l’indice MSCI Diversified Multifactor qui combine au sein d’un même indice plusieurs facteurs (value, momentum, size et quality) a fait -7,4% contre -9% pour le monde « classique » (pondéré en fonction de la capitalisation boursière). Il existe des ETF qui suivent ces indices et le dernier qui concatène plusieurs indices est tout de même très pratique.
On trouve aussi des ETF suivant ces mêmes indices pour l’Europe. On n’aboutit pas exactement au même classement sur quatre ans. La zone Europe a fait 8,4%, le value a aussi sous-performé avec 6,6%, les small ont énormément surperformé avec 15,8%, le minimum volatilité a fait 12,1% et le momentum 12,9%. Sur 1 an, l’indice MSCI multifactoriel a fait -7,1% et l’Europe « classique » -13,7%.
Cela vous fait rêver, mais regardez ce graphique, c’est plus fort encore :
On s’aperçoit que les facteurs ne sont pas nettement plus volatiles que l’indice classique pondéré en fonction de la capitalisation boursière. Ça se retrouve dans les chiffres d’ailleurs. Seul le facteur « Value » est plus volatile que l’indice classique. Par exemple, le momentum et les small ont une volatilité inférieure malgré une performance nettement supérieure.
Est-ce à dire qu’il faut tout miser sur le smart beta. Non ! Mille fois non. C’est encore un effet dévastateur du backtest, surtout sur une période aussi courte. Il faut revenir à la théorie. La volatilité n’est pas réellement un bon indice de risque. C’est le fait de mal performer au plus mauvais moment.
Les risques du smart beta
Avec le smart beta vous avez aussi le risque de sous-performer un indice classique pendant des années et de vous faire abandonner votre stratégie. Ce risque est probablement atténué si vous mixez plusieurs facteurs. Mais en mixant plusieurs facteurs vous n’atténuez probablement pas réellement le risque de faire mal au plus mauvais moment. En effet, quand tout va mal, la corrélation entre les actifs a une forte tendance à augmenter.
Mais revenons à cette histoire de mode. Quel est l’impact d’une mode ? Les prix augmentent donc ça fait de belles performances, donc ça attire de nouveaux investisseurs mais finalement vous achetez trop cher. Une sorte de bulle. Une bonne pratique est ce vendre ce qui a trop monté et acheter ce qui n’est pas à la mode. C’est d’ailleurs le principe du rebalancing dont je parle dans le livre. Ainsi, c’est finalement le critère value qui est le plus intéressant. Contre intuitif ? Pour la plupart des gens, mais pas pour l’investisseur avisé …
Bonjour,
Depuis 3 jours, j’ai quasiment fini de lire votre site entier.
Bravo. Les ETFs y sont très bien expliqués.
Je vais acheter votre livre.
Je connaissais déjà les ETFs, car j’ai des assurances-vie avec Yomini et Marie-Quantier (et ailleurs),
vu que je pense que l’aspect “frais bas” est important pour prendre du rendement facilement.
Là, j’ai mieux découvert les ETF Smart-Beta.
Voici ma remarque :
– Dans votre article, vous indiquez “Ce risque est probablement atténué si vous mixez plusieurs facteurs. Mais en mixant plusieurs facteurs vous n’atténuez probablement pas réellement le risque de faire mal au plus mauvais moment.”
– Or, dans un commentaire (“12 juillet 2016 à 06:55”) sur un autre article (“QUELS ETF SMART BETA POUR L’EPARGNANT 3.0 ?”), vous proposez une allocation qui me plaisez :
“sans vouloir vous embrouillez vous pouvez aussi faire :
– Amundi Smart Beta Monde développé (SMRT) 90%
– Emerging 10%”
Donc, voici ma question :
– Est-ce à dire, selon vous, que cette allocation avec 90% d’un ETF mult-factoriel (SMRT) serait plus risqué dans le cas d’un krach qu’une allocation plus classique comme 90% MSCI WORLD et 10% EMERGING ?
Bonjour,
C’est une question très intéressante, mais personne n’a la réponse.
Les facteurs sont, pris individuellement, considérés comme plus risqués par les gens qui sont du côté des marchés dits efficients et une anomalie pour les gens qui croient à une mauvaise évaluation des prix par les acteurs (mispricing), notamment dus à des biais comportementaux.
Pour ma part, je préfère prendre les facteurs pour des risques, et si il y a des erreurs de comportements c’est que du bonus. C’est pour cela que le smart beta est plus risqué.
Mais si on met des facteurs ensemble, vu qu’ils ne sont pas trop corrélés, on arrive historiquement à moins de risque. Ce qui ne colle pas avec la théorie des marchés efficients (si ce n’est que la diversification est le seul “free lunch”).
Donc, encore une fois, je préfère, même si cela n’a pas été montré historiquement, que le smart beta multifactoriel est plus risqué.
Sachant que le risque est multiforme : volatilité, faire mal au plus mauvais moment, sous-performer pendant plus longtemps, avoir une stratégie trop chère, comme tout le monde est désormais au courant la stratégie peut ne plus fonctionner (sauf si c’est vraiment un risque) …
Très intéressant article, je retiens surtout l’importance du rebalancing. J’ai bien lu votre livre mais je n’ai pas l’impression d’avoir compris son véritable intérêt lors de la relecture.
Le rebalancing va donc permettre de nous protéger un peu d’une hypothétique bulle smart beta.
Mis à part pour le smart Beta, le rebalancing a quels effets sur un portefeuille classique de trackers? Sécuriser l’effet momentum d’un tracker?
jean D
Effectivement, je n’ai pas été très précis dans le livre. J’ai juste dit que cela permettait de garder un profil de risque identique, ce qui est très important. Mais je n’ai pas parlé d’un des autres intérêts qui est d’acheter à contre temps (vendre ce qui a monté, acheter ce qui a baissé). Ça compliquait trop le discours à mon sens.
Mais cela mériterait un article !