CFD (Contract For Difference)
Les CFD sont des produits dérivés. Comme son nom l’indique (Contract for difference = contrat sur la différence), il s’agit d’un contrat où un vendeur et un acheteur échangent la différence de valeur d’un actif entre le moment où votre position est ouverte et le moment où elle est clôturée … en ajoutant un effet de levier.
Cela ne paraît pas très clair, alors décortiquons cela ! Nous verrons d’ailleurs si on peut utiliser les CFD pour l’investissement ou le trading.
Le fonctionnement des CFD
Exemple sur un CFD actions
Il y a des CFD sur des actions, des indices, des obligations, et bien d’autres produits financiers.
Prenons un exemple : imaginons que l’action de Tesla soit à 400$ et que le cours va continuer à augmenter. Vous achetez alors le CFD Tesla. Au moment de l’achat, vous ne déboursez pas ces 400$, mais seulement ⅕ de montant, soit 80$ ! C’est l’effet de levier. Vous pouvez clôturer votre position quand vous le désirez. Au moment de la vente, vous empochez la différence : si l’action vaut 440$ vous gagnez 40$ ! Ainsi, avec une hausse de l’action de 10% (40$), vous avez fait un gain de 50% sur votre mise de 80$.
Les contrats sont toujours dénoués en cash, il n’y a pas de possibilité de devenir propriétaire du sous-jacent.
L’effet de levier et l’appel de marge
Naturellement, l’effet de levier fonctionne dans les deux sens : si l’action baisse de 10% vous perdez 50% de votre mise. Si l’action perd 20% vous perdez 100% de votre mise. Et si l’action perd 30% ? Vous perdez 1,5 fois votre mise (je rappelle que dans l’investissement en actions, obligations, ETF … on ne peut pas perdre plus que ce que l’on a investi).
L’effet de levier est au maximum de 30 pour les CFD sur les devises les plus importantes, de 5 pour les CFD sur les actions et de 2 pour les CFD sur les crypto-monnaies.
Lorsque vous achetez ce produit financier, vous devez avoir la mise de départ dont nous venons de parler. C’est ce que l’on appelle la marge de dépôt. Mais comme vous pouvez perdre plus que votre mise, il faut que vous ayez suffisamment d’argent sur votre compte pour payer plus que votre mise si nécessaire. C’est la marge de maintenance. Si vous ne rajoutez pas d’argent, le courtier va couper vos positions sans vous demander votre avis.
La possibilité de jouer à la hausse et à la baisse
Un CFD peut être acheté ou vendu. Cela veut dire que vous pouvez jouer la hausse, mais aussi la baisse du sous-jacent. N’hésitez pas à consulter cet article du blog sur le sujet de la spéculation à la baisse, que l’on appelle aussi la vente à découvert.
Les frais liés aux CFD
Le spread
Un CFD est émis par le courtier (en CFD) que vous utilisez, et c’est avec lui que vous traitez. Il échange ces contrats, non pas en bourse, mais de gré à gré avec vous, et les échanges sont parfois ouverts 7 jours sur 7, 365 jours par an et 24H/24 (en tout cas sur des horaires plus long que sur les bourses classiques telles que Euronext).
Vous n’achetez pas à un autre investisseur, mais au courtier.
Le courtier va gagner sa vie sur l’écart entre le prix d’achat et le prix de vente. C’est ce que l’on appelle le spread. Par exemple, vous pourriez acheter un CFD à 505 euros, mais le vendre à 495€. Ce spread n’est pas défini par l’offre du jeu et de la demande, comme pour l’achat d’actions, mais par décision du courtier.
Les autres frais
Il peut aussi y avoir des commissions. C’est notamment le cas pour les CFD actions.
Il peut aussi y avoir des frais lorsque l’on maintient sa position plus d’une journée. C’est ce que l’on appelle l’overnight, ou les frais de roulement. Lorsque l’on maintient des positions le week-end, cela a aussi un coût, souvent bien plus élevé que pour le maintien d’une position en semaine.
Enfin, il y a des frais de conversion. Si vous déposez de l’argent en euros, et que vous achetez des CFD en dollars, il faudra convertir les devises. Le courtier prendra probablement aussi une marge. Par exemple, chez eToro les frais de conversion sont de 1,5% pour un dépôt en carte bancaire.
Lorsque vous choisissez un courtier, assurez-vous de bien comprendre tous ces frais. “0 commission”, ne veut pas dire “0 frais”
À titre d’exemple, voilà ce que dit le courtier eToro sur le sujet des frais de roulement :
Les CFD sur indices ne sont pas adaptés aux investisseurs à long terme. Si vous conservez un CFD ouvert pendant une longue période de temps, des frais associés tels que des crédits/frais de roulement s’appliqueront. Les frais/crédits journaliers seront multipliés par trois pour les positions reportées depuis le mercredi soir. Les frais/crédits seront imposés/crédités à 17 heures, heure de New York, pour n’importe quelle position ouverte à cette heure.
eToro
Il faut dire que le maintien des coûts overnight est de 6,4% par an + le LIBOR 1 mois (le LIBOR correspond à un taux de prêts entre les banques) pour les CFD sur actions chez eToro.
Il y a d’autres frais, comme des frais de retraits ou des frais d’inactivité du compte. Cela dépend des courtiers. Vérifiez bien !
Exemple : CFD sur l’or
J’ai ouvert un compte de trading de démonstration. Prenons pour exemple un CFD sur l’or. On peut acheter le CFD à 1935,87 et le vendre à 1935,37. Le contrat vaut 1 € par point du sous-jacent. Lorsque j’achète 1 contrat, donc à 1935,87€, il faut que j’aie une marge de dépôt, que l’on appelle aussi couverture, de 96,65€. Cela fait tout de même un levier de X20.
Le risque de contrepartie des courtiers CFD
Que se passe-t-il en cas de faillite du broker ?
Comme le contrat est entre vous et le courtier. Si le courtier gère mal son risque, il pourrait faire faillite. Et là le trader a un problème. Il risque de perdre tous ses avoirs. Pour récupérer ses avoirs, ce sera probablement plus difficile si le courtier est basé à l’étranger.
Les courtiers en CFD peuvent être supervisés par des autorités de régulations. Cependant, les CFD en eux-mêmes ne font l’objet d’aucun agrément ni visa de l’AMF. On pourrait donc trouver des choses “bizarres” dans ces contrats.
Si vous décidez de franchir le cap des CFD, vérifiez bien la solidité du courtier et les garanties mises en place. Les garanties mises en place sont très variables. Il faut bien sûr vérifier si le fournisseur de CFD est autorisé à exercer des activités d’investissement dans votre pays.
À titre d’exemple voilà ce que communique le courtier eToro
QUE SE PASSE-T-IL SI ETORO (EUROPE) LTD EST DANS L’INCAPACITÉ DE VOUS PAYER ? eToro EU est un membre du Fonds de compensation des investisseurs (ICF) pour les clients de sociétés d’investissement chypriotes (le « Fonds »). L’objectif du Fonds vise à recueillir les réclamations des clients couverts à l’encontre des membres du Fonds et à compenser les clients couverts pour toute réclamation découlant d’un manquement d’un membre du Fonds à remplir ses obligations, qu’elles découlent de la législation, de l’accord avec le client ou d’un acte répréhensible de la part du membre du Fonds. Le versement d’indemnités par le Fonds aux clients éligibles de ses membres est subordonné à l’existence d’une réclamation fondée par les clients à l’encontre des membres du Fonds. Le Fonds couvre les investissements éligibles jusqu’à 20 000 euros par personne. Vous trouverez plus d’informations dans l’Avis sur l’indemnisation des investisseurs sur le site Web d’eToro à l’adresse https://www.etoro.com/customer-service/regulation-license/
eToro
Qu’est-ce que le FOREX ?
Vous avez probablement entendu ce mot ou vu des publicités. Mais qu’est-ce que le FOREX ?
FOREX est contraction des termes anglais FOReign EXchange. Cela correspond au marché des changes, des devises.
Il s’agit ici de parier, par exemple, sur la hausse ou la baisse du dollar vis-à-vis de l’euro.
Les courtiers en CFD proposent souvent d’investir dans le FOREX. C’est une activité classique de trading.
La performance des investisseurs dans les CFD
Performance générale des différents investisseurs, traders et épargnants
Il faut le dire, les investisseurs en CFD, perdent beaucoup d’argent. L’AMF (Autorité des Marché Financiers) a fait une étude en 2014 “Étude des résultats des investisseurs particuliers sur le trading de CFD et de Forex en France”.
Voilà ce qu’ils disent :
Sur une période d’observation de 4 ans, l’AMF a notamment constaté, sur la clientèle des intermédiaires interrogés (14 799 clients actifs) :
- Un taux de clients perdants de plus de 89% ;
- Un résultat moyen négatif de 10 887€ par client ;
- Un résultat médian négatif de 1843 € ;
- Un résultat total négatif de 161 115 493 €.
Cette étude confirme donc le niveau de risque extrêmement élevé de ces modes de trading, peu adapté à la grande majorité des investisseurs particuliers.
On peut aussi lire un peu plus loin :
L’étude a aussi permis de constater que les investisseurs qui traitaient le plus (en nombre de transaction comme en taille moyenne de transaction ou en volume cumulé) perdaient le plus. Il en va de même pour ceux qui persistent dans la durée, illustrant ainsi l’absence d’effet d’apprentissage.
AMF
Performance en fonction des plateformes de trading
Par ailleurs, les courtiers en CFD doivent annoncer clairement, la performance de leurs investisseurs. Voilà une sélection chez différents courtiers :
- 76% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent lorsqu’ils investissent sur les CFD avec IG.
- 75% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent en négociant des CFD avec ce eToro
- 80% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent lorsqu’ils investissent sur les CFD avec Tradebox (Bourse Direct).
- 79% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent lorsqu’ils investissent sur les CFD avec XTB.
- 81% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent lorsqu’ils investissent sur les CFD avec Admiral Markets.
- 68% des comptes d’investisseurs particuliers perdent de l’argent lorsqu’ils investissent sur les CFD avec Saxo Bank.
L’imposition du trading sur CFD
Le trading sur CFD est, comme toute activité, taxée, et ce même si le courtier n’est pas en France. N’oubliez pas de déclarer votre compte (annexe n° 3916 de votre déclaration d’impôt) et vos gains (ou plutôt vos pertes).
Conclusion pour l’Épargnant 3.0 : faut-il trader les CFD ?
Je crois que la conclusion est relativement simple. On n’investit pas en utilisant les CFD, on fait du trading … ou plutôt on joue au Casino. La plupart de ceux qui utilisent ces instruments sont en perte. Et pas seulement à cause des frais.
Si vous voulez juste vous amuser à peu de frais, vous pouvez ouvrir un compte de démonstration. La plupart des courtiers CFD en proposent.
En revanche, la plupart des ETF sont des produits très utiles à l’épargnant.
Je vous souhaite le meilleur pour votre épargne … et surtout pour tout le reste.
Bonjour,
Par ma propre expérience, je rejoins la conclusion de l’article sur les produits dérivés comme les CFD.
Il n’y a pas de miracles avec les produits avec de hauts gains potentiels, vous avez autant de risques de perdre tout votre argent.
Il y a plusieurs années, j’ai essayé par curiosité des petites sommes sur CFD pour jouer à l’apprenti trader et j’ai perdu des plumes. Pas de miracle donc !
J’aurai mieux fait de les placer en ETF directement ;-) !
Tout est en ETF chez moi depuis 3 ans et j’en suis content malgré la crise !
Bonjour, il me semble que ça ressemble aux bons de souscription (je les ai pratiqué il y a longtemps, et je ne sais pas s’ils existent toujours…) Il me semble que le BS offrent les mêmes risques et opportunités que les CFD, mais avec le risque du courtier en moins, car le BS est sur le marché. Est ce que je me trompe? Et si ce n’est pas le cas, quel serait alors l’avantage du CFD par rapport au BS, ou le risque du BS par rapport au CFD?
Merci
Bonjour Edouard,
Merci pour cet article. Je vois en effet beaucoup de pub pour les CFD. L’ article me parait clair…je ne jouerai pas avec ca !