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ETF EN OBLIGATIONS : UNE ALTERNATIVE AUX FONDS EN EUROS ?

Dans cet article je parle des obligations, un sujet peu traité. Je compare deux façon d’investir en obligations : grâce aux ETF (Exchange Traded Funds) et grâce aux fonds en euros. En effet, les fonds en euros sont composés en grande partie d’obligations.

Les ETF obligataires sont ils une alternative aux fonds en euros crédible ? Apportent-ils plus de performance ? Sont-ils moins risqués ? Sont-ils plus efficaces dans un portefeuille global ?

Je montre un certain nombre de choses :

  1. Les obligations, même des Etats occidentaux, sont bien plus risquée que ce qu’on a l’habitude d’entendre.
  2. Les obligations peuvent être très bénéfiques dans un portefeuille financier, car elles peuvent être anti corrélées aux actions. Les ETF permettent d’investir en obligations.
  3. Les fonds en euros sont probablement moins performant que les ETF obligataires, et ne peuvent pas avoir une performance exceptionnelle lors des fortes baisses du marché actions. Cependant, ils ont un intérêt réellement important.

Regardons cela plus en détail.

Les obligations d’Etat ont eu une performance supérieure aux fonds en euros depuis 1976

La performance des fonds en euros et des obligations d’Etat en France

Les graphiques ci-dessus et ci-dessous présente la performance d’un investissement en obligations et un fonds en euros depuis 1976

Dans le graphique ci-dessous, j’ai utilisé un graphique en échelle logarithmique (alors que celui en tête d’article a une échelle “normale”). En effet, sur les longues périodes, comme ici, les différences, du fait de la magie des intérêts composés, sont exacerbées.

  • Lorsqu’on utilise un graphique avec une échelle classique les hausses ou les baisses sont en valeurs et non en pourcentage. Ainsi, on voit très peu les variations lorsque l’on remonte loin dans le temps.
  • Lorsque l’on utilise un graphique en échelle logarithmique, un pourcentage de hausse ou de baisse a la même dimension, quelle que soit la date.

La première chose qui saute aux yeux est évidemment la surperformance d’un investissement dans l’obligation d’État à 10 ans ! Depuis 1976, la performance annualisée a été 8,8% pour les obligations d’État, tandis que la performance des fonds en euros a été de 6,8%. La différence est tout de même très significative. Il faut noter que l’un des plus anciens et meilleurs fonds en euros, celui de l’Afer, a eu une performance de 7,7% par an sans prendre en compte les frais de gestion et les frais d’entrée. On est encore loin du compte.

Il n’existait pas d’ETF en Europe en 1976, mais on voit sur le graphique qu’un « simple » ETF obligations d’États européens a (depuis 2003 pour le Lyxor et 2009 pour l’iShares) aussi une performance largement supérieure à celle des fonds en euros !

Si vous ne savez pas de quoi est constitué un fonds en euros, je vous conseille de lire cet article du blog. Cet article sur les risques des fonds en euros peut aussi être très utile.

La performance des obligations d’Etat aux Etat-Unis

Les performances d’un investissement dans un emprunt d’État français n’a pas été une exception par rapport aux autres pays. Regardez la performance d’un investissement identique aux États-Unis. Ici aussi en échelle logarithmique. La performance est de 7,5% par an tout de même.

D’où vient cette sous-performance des fonds en euros ?

Comment, est-ce que les assureurs-ont-ils bien pu faire pour avoir une performance inférieure aux obligations d’État alors que l’on considère souvent que les fonds en euros sont essentiellement investis en emprunts d’État ?

Une première explication : les frais des fonds en euros

Les frais évidemment, mais nous avons vu qu’ils n’expliquaient pas tout. Serait-ce le fait qu’ils ne soient pas investis uniquement en obligations d’État ? Par exemple, le fonds Eurossima, très répandu sur internet, est certes composé à 85% d’obligations, cependant uniquement la moitié de celles-ci en obligations d’État (le reste étant des prêts aux entreprises). Cela étant, historiquement il y avait beaucoup plus d’obligations d’État et les obligations d’entreprises n’ont pas particulièrement mal performé sur la période. Aussi, les fonds en euros ont désormais un peu d’actions. Mais on ne peut pas dire que les actions aient eu une mauvaise performance sur cette période, bien au contraire !

Aussi, les assureurs ont le droit de faire des réserves, mais ils sont obligés de les redistribuer au cours des huit années suivantes. Sur le long terme, ce n’est donc pas censé être la raison de la sous-performance.

Les gérants ont peut-être tout simplement détruit de la valeur en essayant d’être plus malins que le marché. Peut-être… probablement diront certains même.

La performance et les risques de l’investissement en obligations aux Etats-Unis et sur le long terme en France

Cependant, il faut aller un cran plus loin. On peut voir sur le graphique que l’investissement en obligations d’État françaises ne baisse pratiquement jamais. On a bien eu -5% en et -1% en 2000 et en 2017. Est-ce que c’est la règle pour les obligations ? Évidemment pas.

La variation des obligations aux Etats-Unis depuis 1976

Voyons déjà ce qui s’est passé aux États-Unis sur la même période. Il y a eu des baisses supérieures à 5% et souvent proches de 10% en 1994, 1999, 2009 et 2013.

Les pertes maximales des obligations en France depuis 1800

Maintenant, regardons sur une plus longue période. Le graphique représente les pertes par rapport au plus haut précédent, dans des obligations françaises de 1800 à 2010.

Cela étant il faut faire attention, car l’inflation peut être très élevée. Elle a par exemple été supérieure à 40% en 1947. La perte en pouvoir d’achat en 1947 a donc été proche de plus de 40%.

Les pires années pour les obligations dans le monde entier depuis 1900

Regardons donc les performances et les risques dans plusieurs pays, et en prenant en compte l’inflation.

On peut voir que la performance est faible et qu’il y a tout de même des baisses énormes.

En comparaison, un fonds en euros ne peut pas baisser. Certes, il ne peut pas baisser brut d’inflation (et désormais brut de frais sur certains fonds en euros). Cela veut dire que l’on peut perdre en pouvoir d’achat. Mais c’est tout de même un investissement nettement plus sécurisé qu’un investissement en obligations d’État. Et moins de risque = moins de performance.

On pourra argumenter que si les obligations d’État font -50% les assureurs feront faillite. C’est finalement pire. C’est peut-être vrai. Cependant, il me paraît clair, que dans les scénarios non extrêmes, un investissement en fonds en euros est plus sécurisé qu’un investissement en obligations.

De plus, dans un environnement où les taux d’emprunt sont très bas, les réserves des assureurs pourraient être très utiles.

La corrélation ou la non corrélation des obligations par rapport aux actions

Les obligations peuvent être anti coréllées, et les ETF obligataires sont nettement plus transparents que les fonds en euros

Un autre point important est que les obligations sont parfois anticorellées avec les actions, mais aussi parfois corrélées avec la hausse des actions (les actions et les obligations baissent en même temps). Ajouter des ETF obligations à des ETF actions plutôt que des fonds en euros, qui eux ont une corrélation nulle avec les actions, peut apporter de la valeur comme en détruire. C’est donc une incertitude et donc un risque.

Au global, je dirais donc qu’un investissement en ETF obligataire est plus risqué (et plus performant) qu’un investissement dans un fonds en euros. Or l’objectif premier de cette partie du portefeuille n’est pas la performance, mais de pouvoir dormir tranquille en limitant le risque et de pouvoir acheter des actions lors des krachs. Le fonds en euros a donc toute sa place dans un portefeuille « Lazy » performant. D’autant plus que l’on peut trouver des fonds en euros boostés qui sont assez attractifs (Suravenir Opportunités ou Spririca Long Terme). Dans ma formation, je fais un focus sur ces fonds en euros boostés.

Cependant, les ETF obligataires sont nettement plus transparents que les fonds en euros. Les rapports de gestion des fonds en euros sont très peu détaillées et on ne sait pas que très difficilement quelles sont les réserves et les plus values latentes.  Ils ont des frais bien inférieurs (0,2 % contre 0,7%). Ce sont deux éléments très importants. Les ETF obligataires ne sont donc pas à négliger pour l’épargnant qui désire avoir un portefeuille financier optimal. Dans « Créer et piloter un portefeuille d’ETF », je détaille les intérêts et inconvénients des différents types d’obligations (emprunts d’État, corporate, high yield, émergents etc.).

Le célèbre fonds en euros Eurossima de Generali contre un ETF obligataire depuis 2004

Revenons désormais sur le « court terme » : comparons un bon fonds en euros (Eurossima) avec un ETF obligataire (celui de Lyxor) depuis 2004 (date de création de l’ETF).

  • Le fonds en euros a eu une performance annualisée de 3,7% et une volatilité de 1%
  • L’ETF obligataire a eu une performance annualisée de 4,1% et une volatilité de 4%

La volatilité, dans ce cas, n’est pas un indicateur totalement pertinent, car la performance d’un fonds en euros est décidée par l’assureur et ne découle pas totalement de la performance de ses investissements. Cette volatilité impacte malgré tout notre perception, on ne peut pas complètement l’écarter. La volatilité des obligations fait que si l’on avait pris une période un peu différente les résultats auraient été aussi assez différents. La différence de performance entre un bon fonds en euros net de frais (en l’occurrence celui de l’Afer) et les obligations d’État est supérieure à 1,4 point depuis 1976.

Aussi, pour réellement comparer, il faut prendre en compte la fiscalité des différentes enveloppes. Pour avoir une fiscalité identique, il aurait fallu mettre l’ETF dans une (bonne assurance vie) et donc retrancher 0,6 point de frais. Le fonds en euros repasse alors devant depuis 2004. Cela étant désormais avec la « flat tax », surtout lorsque l’on a plus de 150K€ en assurance vie, le CTO redevient attractif et on peut économiser ces frais additionnels.

Les réserves de performance des fonds en euros

Cela étant, comme je l’explique dans les articles du blog mis en lien au début de l’article et dans le livre  « Créer et piloter un portefeuille d’ETF » il ne faut pas oublier que les fonds en euros ont accumulé des réserves importantes et ont des stocks de plus values latentes significatives … qui pourront être redistribuées dans le temps. Aujourd’hui, sous la pression du législateur les fonds en euros stockent de l’argent sans le distribuer aux épargnants pour préparer les temps difficiles si ils arrivent … un jour ils devraient bien les redistribuer. Mais comme tout n’est jamais noir ou blanc, il faut aussi savoir que les assureurs font en partie ce qu’il veulent de cette potentielle manne. Je cite le journal investir du 3 février 2018 :

Le premier type de réserve est la provision pour participation aux bénéfices (ou aux excédents), appelée couramment « PPB ». Elle peut être alimentée au gré de la société, et être utilisée quand bon lui semble. Ces dernières années, notamment sous l’injonction de la Banque de France, qui veille à la stabilité du système, les compagnies se sont pliées au renforcement de cette réserve, plutôt que de distribuer tous les gains engrangés immédiatement. Selon Goodvaleurformoney.eu, ce sont 3,08 % de rendement que les assureurs y avaient abrités à la fin 2016 ; un niveau qui devrait approcher des 3,5 % cette année. Certaines sociétés ont désormais plus de 5 % de rendement, ainsi, mis de côté. C’est le cas chez ACMN Vie ou à la GMF, par exemple. (…) Rien ne dit que les assureurs l’utiliseront pour renforcer le rendement d’un de vos contrats (ils peuvent favoriser seulement l’un d’eux), et ils peuvent aussi la vider virtuellement pour répondre à leurs contraintes, mais en l dotant à nouveau des mêmes montants (par exemple prélever 1 % sur la réserve et immédiatement redoter celle-ci de 1 %). Enfin, seuls les assurés qui détiendront encore le même contrat dans les prochaines années sont susceptibles d’en profiter : si vous rachetez votre épargne, ou si vous disparaissez précocement, ces gains ne vous profiteront jamais.

La seconde réserve importante est plus encadrée. Il s’agit de la « réserve de capitalisation », où les assureurs doivent obligatoirement placer les plus-values réalisées lors de la vente d’obligations détenues en direct. Elle évite que des assureurs vendent « les bijoux de famille » pour doper momentanément leurs résultats. Elle ne peut être utilisée par les compagnies que dans un seul cas : pour compenser des moins-values sur les obligations. Elle pourrait donc être utilisée en cas de remontée des taux obligataires pour se séparer du papier le moins rentable et prendre position sur de nouvelles obligations plus rémunératrices. Selon Goodvalueformoney.eu, elle représente l’équivalent de 1,19 % de rendement ; un niveau assez stable depuis plusieurs années.

Si vous décidez de vous appuyer sur les fonds en euros, il est primordial de choisir une excellente assurance vie. Afin de vous aider, j’ai réalisé un comparatif des meilleures assurances vie.

Je vous souhaite le meilleur pour votre épargne … et surtout pour tout le reste.

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47 commentaires

  1. Bonjour,

    Merci pour ce comparatif. Je viens de finir la lecture de votre livre “Créer et piloter un portefeuille d’ETF” que j’ai beaucoup apprécié.

    Dans un portefeuille d’ETF diversifié, ou pour faire simple, un robuste ETF MSCI WORLD, que penseriez-vous d’adjoindre un ETF correspondant aux obligations américaines gouvernementales long terme (par exemple : iShares $ Treasury Bond 20+yr /DTLA) ? Cette actif semble plus ou moins inversement corrélé mais avec une performance plus qu’honorable.N’est pas un bon moyen de diminuer la volatilité du porte-feuille tout en préservant le rendement ?

    Merci de votre aide bienveillante

  2. Bonjour,

    Merci pour cet article super intéressant.

    Que conseillerez-vous entre laisser l’épargne sur un livret comme le LEL ou un ETF obligataire? A partir de quel durée doit-on privilégier les obligations ?

    Dernière question, faut-il diversifier entre obligations us et euros et à quelle hauteur?

    Merci :)

  3. Bonjour,

    Merci pour l’article.

    Quel serait le meilleur ETF sur des obligations chinoises selon vous ? Y’a t’il un intérêt d’être exposé au dollar de Hong Kong ? Ou mieux au Yuan ?

    • Xtrackers II Harvest China Government Bond UCITS ETF 1D
    • CSOP China Ultra Short-Term Bond ETF – CNY
    • Goldman Sachs Access China Government Bond UCITS ETF – Dist – USD
    • BMO Asia USD Investment Grade Bond ETF – HKD
    • iShares China CNY Bond UCITS ETF – USD Hedged – D – USD

    En fait, y’a t’il un intérêt à prendre un ETF dans une autre devise “refuge” (le franc suisse) ou une devise avec un bon potentiel d’avenir (la sterling) ?

    • SPDR Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond UCITS ETF – USD
    • SPDR Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond EUR Hdg UCITS ETF – EUR
    • SPDR Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond GBP Hdg UCITS ETF – GBP
    • SPDR Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond CHF Hedged UCITS ETF – CHF

    Merci pour votre aide précieuse, j’attends votre avis avec impatience.

    Vled

  4. richard lo-ying-seng dit :

    Bonjour Monsieur Edouard Petit,
    Pensez-vous qu’il soit judicieux d’investir dans un PEA avec seulement des Grandes Capitalisation Boursière du CAC 40 (LVMH) en ce moment de trés grave crise sanitaire mondiale (Coronavirus) ?

  5. Raphaël dit :

    Bonjour Edouard
    Que pensez vous du tracker iShares € Aggregate Bond UCITS ETF (IEAG) disponible notamment dans l’assurance vie de Boursorama?
    il présente des caractéristiques intéressantes :
    -Une exposition diversifiée au large marché des obligations investment grade libellées en euro
    -Un investissement direct dans des bons d’État, des obligations liées à des gouvernements, de sociétés ou titrisées
    -Une exposition à des obligations investment grade
    -un TER à 25%
    -un encours suffisant

    Il me semble qu’il présente une maturité moyenne autour de 8 ans, c’est peut être un peu long en cas de remontée brutal des taux, sauf si on reste focalisé comme il se doit sur le long terme. il présente également des positions hors Europe (USA, Royaume uni…) à hauteur de 6% au total non couvertes face au risque de change.

    il s’agirait non pas de remplacer le fond euros, mais pour ceux et celles qui ont déjà un fond euros en portefeuille de compléter la position en apportant mensuellement des fonds au tracker IEAG.

    cette approche vous parait elle saine?

    Raphael

  6. Thibaud D. dit :

    Bonjour;
    Merci pour vos articles,
    Savez vous s’il existe des ETF obligataires éligibles PEA?

        1. Bonjour Alex, j’ai un module spécifique dans la formation (modules Plus) – allez y jeter un oeil

  7. Les fonds euro sont ils assez diversifiés ?
    Ne faudrait-il pas ajouter un peu d’obligations hors euro dans son portefeuille ?
    Peut-on seulement à partir d’une certaine taille de portefeuille peut-être ?

    1. C’est une bonne idée, je fais un focus particulier sur ces sujets dans les modules plus de la formation.

  8. article intéressant, mais il y a une chose qui m’échappe
    la rentabilité d’une obligation est liée à l’intérêt du coupon, le prix dans le marché secondaire est fonction de ce dernier. pourquoi un etf obligataire affiche parfois un total return totalement déconnecté ex le iShares 7-10 Year Treasury ETF affiche un +6,67% en 2019

      1. bien sur, c’est le concept que je voulais exprimer dans la première ligne, le prix d’une obligation est déterminé mécaniquement par les taux.
        par contre, je n’ai pas l’impression que mon assurance vie ait changé de valorisation, suite à la baisse de taux des dernières années et les etf montrent parfois une volatilité décorrélèe du niveau des taux.
        je pose la question parce que du coup ça me semble différent , dans une logique de gestion du risque, choisir une assurance vie, un etf obligataire ou des obligations

        1. Oui, les fonds en euros ne fonctionnent pas exactement de la même façon que les obligations.

  9. Séverin dit :

    Bonjour Edouard, merci pour cet article!
    Concernant les obligations, il existe le fond H2O multibonds (FR0010923375) qui semble avoir des performances trop attractives pour être vraies (avec toutes les limites liées à la gestion active en matière de frais…).
    Qu’en pensez vous ? Conseilleriez-vous de s’y exposer de la sorte, dans votre livre vous mettez surtout en avant l’ETF Amundi Global Emerging Bonds concentré comme son nom l’indique sur les émergents.

    1. Bonjour, difficile à dire car même en fouillant on a pas beaucoup d’information sur le fonds H2O Multibonds. Mais de ce que j’ai compris, il font du long/short, ce qui est une stratégie très particulière et avec des risques spécifiques. Cela étant on trouvera toujours des fonds qui ONT surperformé. La question est de savoir si ils vont continuer …
      Alors, pourquoi pas dans une petite position satellite, mais certainement pas pour remplacer la partie stable de votre portefeuille.

  10. Vous avez sans doute remarqué que, sur les dernières décennies, les taux obligataires ayant baissés beaucoup, l’OAT 20 ans a performé mieux que l’OAT 15 ans, lui même meilleur que l’OAT 10 ans, lui-même meilleur que le 5 ans (sachant que tout ceci ne s’appelait pas toujours “OAT”). La duration des actifs cantonnés des fond euros qui ont un actif cantonné sont inférieurs à 10 ans (c’est plutôt vers 7 an). Ceci explique aussi les performances relatives.

    Un graphique ne commençant pas en 1976, mais plus récemment (vers 2000, vers 2007, par ex) donnerait une autre “image” relative de ces produits ou supports.

    Et surtout (mais ça, on ne peut pas vraiment le faire), une comparaison sur une période de hausse des taux obligataires serait instructive, …. et sans doute plus utile pour éclairer l’avenir.

    Votre titre peut être lu comme une conclusion, qui a pas mal de chances d’être contredite dans un proche avenir. J’aurais titré “LES FONDS EN EUROS ONT ÉTÉ MOINS PERFORMANTS QUE NOMBRE D’ETF OBLIGATIONS … QUAND LES TAUX ONT BAISSÉ !”

    1. Bien sûr, ces calculs sont des approximations, ils servent à réfléchir. D’un côté effectivement, les fonds en euros ont des obligations à duration inférieure à 10 ans, mais ils ont désormais plein d’obligations corporate qui sont censées faire (bien) mieux que les obligations d’État … et ils ont même des actions. Par exemple, aux États-Unis, le 10 ans étatique, a fait depuis 2003 3,8% par an, et les corporate, 5,3%, soit 1,5 point d’écart. Il faudrait regarder sur la zone euro, mais ça donne un ordre de grandeur. L’écart entre les obligations à 10 ans et à 7 ans est probablement bien inférieur (moins de 0,5 point).
      Donc la duration n’explique à mon avis pas la performance relative, puisqu’ils ont des leviers dans l’autre sens.

      Pour rappel, à titre d’exemple, le fonds en euros Afer est composé à 36% d’obligations d’État, 35% d’obligations corporate (oui autant …), 10% d’OPC obligataires, 6% d’actions …

      Oui il faudrait voir sur une période de hausse des taux. Mais comme vous le dîtes, ce n’est pas possible. Aussi, si c’est une hausse des taux rapide, les fonds en euros vont avoir de sérieuses difficultés. Si c’est une hausse des taux lente, il faut voir. Il ne faut pas oublier que les fonds en euros peuvent baisser en valeur réelle, et c’est loin d’être impossible.

      Franchement, je suis plutôt pro fonds en euros, mais il faut avouer que cela me fait réfléchir. Et le manque de transparence est vraiment problématique. On ne sait pas réellement ce qu’ils ont sous le pied.
      Par ailleurs, vous noterez que je ne pas pris en compte de frais d’entrée.

      Sur le titre, je suis d’accord qu’il y a discussion : d’une part, le temps présent laisse à penser que cela continue, et d’autre part, performance sans risque ne veut pas dire grand-chose. J’ai hésité, mais il faut bien faire un titre.

      De plus, je pense que le temps présent laisse autant supposer que cela continue, que le temps passé laisserait supposer que cela s’arrête. Et je pense qu’intrinsèquement les fonds en euros sont des supports moins performants que les ETF. Les ETF ont moins de frais et sont plus transparents, ils ne peuvent que surperformer. Dans les cinq dix prochaines années, cela ne pourrait pas être le cas (à cause des réserves – au sens large), mais cela ne l’a pas été sur les 30 dernières années et cela ne le sera à mon avis pas sur les 30 années prochaines. Je ne fais vraiment pas plus confiance aux gérants pour mieux performer pendant une hausse des taux que pendant une baisse des taux.

      Par ailleurs, pour être précis, dans mes écrits, je ne dis pas qu’il faut s’appuyer sur les fonds en euros de manière générique, car il y en a de nombreux qui sont catastrophiques, mais sur les bons fonds en euros.

  11. Ok, et tu connaitrais pas par hasard un site pour un novice, qui permet de faire des backtests facilement et en francais si possible (j’ai trouve Portfolio visualizer, mais il est en anglais)

      1. Et si vous ajoutiez une ligne à votre graphique pour “Fond Euros : moyenne des meilleurs fonds” ou simplement “Fond Euro de AFER”, ça ne changerait pas un peu le résultat (il y a pas loin de 1%/an de différence entre la moyenne des fonds euros et les bons fonds euros…) ?

        Et si vous ajoutiez “Fonds Euros sans les frais” (en ajoutant 0.5%/an de perf aux fonds euros, et aux bons fonds euros) et le compariez aux “ETF sans les frais” ?

        Les ETF iShares obligations d’État de la zone euro à moyen terme, et ETF Lyxor investi en emprunts d’État de la zone euro peuvent baisser (et pas mal les taux remontent de 2-3%), mais pas les fonds euros. A combien peut-on estimer la valeur de cette “assurance” (il faudrait l’ajouter aux courbes des fonds euros, si on veut comparer avec rigueur aux ETF).

        1. Oui bien sûr, un fonds AFER aura fait bien mieux que le fonds en euros moyen. A titre personnel, j’arrive plutôt à 0,6 pt d’écart. Donc, oui, même le meilleure fonds en euros (et il aurait fallu l’identifier en amont), a fait nettement moins bien que l’OAT 10 ans, et même brut de frais.
          Les ETF iShares peuvent baisser oui c’est vrai, mais ils peuvent aussi plus monter pendant les krachs boursiers. Aussi un fonds en euros peut baisser en valeur réelle.
          Et comme vous dîtes, il faut voir les fonds en euros comme une assurance. Cette assurance est assez facile à priver à mon avis, c’est la différence avec l’OAT justement, soit pratiquement 2% par ans …

          Cela étant, je continue à écrire et à dire que les bons fonds en euros sont un excellent placement, notamment grâce à leurs réserves (au sens large) ; mais je ne pense pas qu’il faille occulter les inconvénients des fonds en euros.

  12. Bonjour et merci pour vos articles ils sont super interessants. Dans vos articles, je trouve beaucoups de graphs et backtests, et souhaiterait savoir quel site vous utilisez pour les obtenir.

    1. Bonjour,
      Ils sont faits “à la main” (sous Excel et/ou R), et j’ai plein de sources à ma disposition.

  13. Quelle est la source des données utilisées pour la courbe “OAT 10 ans” ?

    1. Banque de France pour le rendement, et Aswath Damodaran pour la formule de calcul pour le transformer en total return.

  14. Et d’ailleurs que est-ce que les intérêts sont versés sur Boursorama (Exclusif) ?

      1. J’ai peux être employé le mauvais mot, je parle de la “participation” je crois, les 2,10% en l’occurence concernant le Euro Exclusif

      1. Je ne s’avais pas cela, donc ils ne sont pas en “plus value” mais directement ajouté à la valeur du fonds euro ? Car en PV à ce jour j’ai que 0.66% de PV

  15. Bonsoir,

    comme le dit Tetrapil, il y a des réserves … et surtout des plus value latente. Et ca peut être un montant assez élevé.
    D’ailleurs dans mes livres je continue à expliquer cela, et que cela me semble être une bonne raison (il y en a d’autres) de continuer à investir en fonds en euros. C’est aussi ce que j’explique dans l’article en lien.
    Après j’ai du mal à me faire une idée si ça compense toute cette sous performance.

    Mais aussi à prendre en compte, un ETF oblig c’est 0,2% de frais et un fonds en euros plutôt 0,7%. A prendre en compte tout de même.

  16. Tetrapil dit :

    Article intéressant mais je suis tout de même sceptique quant à la conclusion, qui risque d’être mal comprise. La performance des ETF est largement due à une bull market de 30 ans sur les obligations souveraines qui est peut-être sur le point de se retourner (même si on dit ça depuis plusieurs années…)
    Les assureurs ne sont pas tenus de reverser leurs réserves de PPB au fil de l’eau mais peuvent les conserver 8 ans. Je pense que ça explique tout même une partie significative de la sous-performance, avec la différence de frais.

    Au sujet des réserves je vous renvoie à l’article de maxicool sur le sujet :
    http://www.investiralongterme.fr/fonds-euros-reserves-de-rendement-forte-hausse-2017/

    Au final avec un taux OAT 10 ans rendant actuellement 0,8%, je ne me précipiterais pas sur un ETF obligations souveraines.
    En achetant un fonds euro on peut profiter du stock de PPB accumulée pour obtenir un pick-up de rendement sans risques pour au moins quelques années. Évidemment, si le taux de l’OAT remonte à plus de 2-3% la conclusion sera différente…

  17. Merci pour cet article.

    Mine de rien, la performance supérieure des ETF obligations par rapport aux fonds euros change quand même pas mal la donne. Personnellement, j’utilisais les fonds euros comme poche obligataire (malgré ses caractéristiques assez monétaires), mais cet article m’a fait changer d’avis. Vu les différences entre fonds euros et ETF obligs, je vais dorénavant considérer les fonds euros comme faisant partie de la poche monétaire de mon portefeuille, ou au moins comme un intermédiaire entre monétaire et obligations, malgré leur sous-jacent objectivement obligataire. Ce qui me fera investir un peu moins en fond euros, au profit des ETF obligs.

    Espérons que la future remontée des taux ne gâche pas trop la fête !

  18. Merci pour cet article extrêmement intéressant. Je n’avais jamais vu le sujet abordé, et pourtant c’est une question très naturelle et qui nous concerne tous car les fonds en euros sont un pilier de l’allocation d’actif en France.

    Un début d’explication de la sous-performance des fonds en euros pourrait être que la duration du portefeuille d’un fonds en euros est inférieure à 10 ans.
    Par exemple la duration d’Eurossima de 2012 à 2016 était toujours autour de 7 ans.

    Si cela a bien été le cas depuis 1976, cela a un double effet :
    – les taux servis étaient un peu moins importants que l’OAT 10 ans
    – et surtout le gain issu des plus-values issues de la baisse des taux est nettement moins important sur des obligations de durée plus courte

    Mais cela n’expliquerait probablement pas intégralement une sous-performance de 2% annuels.

    1. Votre commentaire m’a intrigué, alors j’ai fait un test sur Portfoliovizualizer (donc pour des obligations US): passer de 10 ans à 7 ans a eu un impact de 0,2 point. Donc ce n’est que partiellement ça.
      En plus, ils ont mis des obligations corporate (désormais en masse), qui sont censer plus rapporter.

      Je trouve ça quand même étonnant …

      1. Intéressant. J’aurais dit que cela aurait un impact plus grand.
        Cela ne doit pas être si facile de sous-performer d’autant sur 40 ans, il doit y avoir une explication, mais laquelle ?

  19. Du coup, il peut être pas mal d’utiliser un CTO pour y insérer ces ETF obligataire, puisque ne passant pas sur PEA.
    Mieux vaut garder encore du F€ à côté ?

    1. Il y a des avantages et des inconvénients, à titre personnel je pense que les fonds en euros sont une bonne option. Cependant, il faut être attentif.

  20. funnydjo dit :

    Article tres intéressant. J’avoue que je n’ai pas du tout d’OAT 10 ans. Que pensez-vous des fonds euros dynamiques type Opportunité de Suravenir ? Sont-ils pris en compte dans la courbe ‘fonds en euros’ ?

    1. Je pense que c’est compliqué d’avoir des OAT en direct, mais en passant par les ETF que j’ai listé, on a quelque chose qui s’en rapproche.
      La moyenne des fonds en euros comprend les fonds en euros dynamiques, mais ils ne pèsent pas lourd, donc ça n’a pas d’influence. Les fonds en euros dynamiques ont des inconvénients, mais ils sont tout de même intéressants.

  21. Au global, je dirais donc qu’un investissement en ETF obligataire est plus risqué (et plus performant) qu’un investissement en actions

    Vous voulez dire “en fonds euros” pas “en actions”, je pense.