QUEL POURCENTAGE D’OPCVM ACTIFS ARRIVE À BATTRE LA GESTION PASSIVE ?
Dans mes livres et sur ce blog, j’ai déjà fait de nombreuses références aux études qui démontrent que très peu de fonds actifs surperformaient un fonds peu cher en gestion passive. Vous pouvez notamment vous référer cet article : “Pourquoi il vaut mieux investir en ETF qu’en OPVCM ?”.
Les raisons sont assez simples :
- Il est extrêmement difficile de surperformer de manière régulière, grâce à son intelligence individuelle, l’intelligence collective du marché
- Les frais ont un impact très significatif sur la performance. Or les frais des ETF sont nettement moins importants que ceux des fonds actifs.
Passons en revue diverses études sur la performance de la gestion passive qui sont régulièrement mises à jour:
- L’étude SPIVA. Elle compare les OPVCM américains et européens par rapport à des indices (donc sans frais).
- L’étude de Morningstar. Elle ne traite que des OPC américains, mais compare à des fonds passifs (donc avec des frais).
- L’étude Lyxor. Elle se focalise sur les fonds européens et propose des angles de vue un peu différents.
Il est intéressant de passer chacune d’elles en revue, car elles ont des modalités de calcul légèrement différente.
SPIVA, l’étude de référence Actif versus Passif : OPC classiques versus indices
Sur 15 ans moins de 20% des fonds arrivent à dépasser leur indice de référence
L’étude la plus connue au niveau international est l’étude SPIVA de Standard & Poors. Elle est actualisée semestriellement et est réalisée pour différents continents. Commençons par l’étude américaine, car c’est elle qui a le plus de profondeur historique. L’étude est très complète, mais regardons quelques chiffres en particulier.
On peut observer que sur 15 ans, moins de 20% des fonds surperforment leur indice de référence. Aussi, dans certaines catégories la performance est encore moins bonne. Contrairement à ce que certains disent, la gestion active ne performe pas particulièrement bien dans les marchés censés être moins efficients. Par exemple, seuls 6% des fonds petites capitalisations et 10% des fonds pays émergents surperforment sur cette même période.
Le pourcentage d’OPCVM battu par leur indice a tendance à augmenter
L’étude montre aussi que le pourcentage de fonds avec une bonne performance ne va pas en augmentant.
Les OPC performants ne restent pas performants
SPIVA édite une autre étude appelée “Persistence Scorecard”. Elle étudie la persistance de la performance des fonds sur différents horizons de temps. Regardons la persistance sur une fenêtre de trois ans, car de nombreux investisseurs choisissent les fonds en fonction de la performance passée et souvent sur cet
horizon de temps.
Sur les 25% de fonds avec la meilleure performance sur les 3 années précédentes, un peu plus de 5% ont été arrêtés et seulement 16% sont restés dans le 1er quartile. Cela signifie que moins de¼ des meilleurs fonds se retrouvent dans le meilleur quart de performance. C’est moins qu’une distribution aléatoire. 35% d’entre eux se retrouvent dans le moins bon quart ! Choisir les meilleurs fonds sur trois ans est réellement une mauvaise idée.
Et si l’on regarde la performance sur 5 ans ? 11% ont été arrêtés (probablement pour mauvaise performance), 28% sont dans le plus mauvais quartile et seuls 20% sont le meilleur quartile.
Les chiffres pour les fonds européens : la gestion passive bat aussi la gestion active (en moyenne)
Que disent les chiffres européens ? Ils sont encore plus en faveur de l’investissement passif. Par exemple, sur 10 ans moins de 2% des fonds internationaux surperformance un indice mondial et aucun fonds emerging surperforme son indice de référence.
Cela devrait en étonner plus d’un. En effet, on entend souvent que la gestion active peut bien performer dans les marchés réputés peu efficients. Cela ne semble pas être le cas.
Morningstar Actif versus Passif, une comparaison par rapport aux ETF et non aux indices
Sur 10 ans les ETF ont une bien meilleure performance que les OPC classiques, surtout s’ils ont des frais élevés
Un ETF ne va pas toujours réussir à égaler complètement un indice, notamment à cause de ses frais. Certes de nombreux ETF ont des frais inférieurs à 0,1% aux États-Unis. Cependant, comparer les fonds actifs avec des fonds passifs est intéressant. C’est ce que fait Morningstar dans son étude.
Les chiffres sont un petit peu différents de ceux de SPIVA, mais la logique est la même. Sur 10 ans, une faible partie des fonds actif surperforme les fonds passifs. On peut voir que les chiffres sont pires pour les fonds actifs avec des frais élevés. Focalisons-nous sur une catégorie : par exemple, les grandes capitalisations américaines.
Focus sur les fonds en actions américaine grandes capitalisations diversifiées
On voit que, sur dix ans, un tiers des fonds ont été arrêtés et 14% ont dépassé leur équivalent passif. Aussi, l’investissement passif a une performance de 20% supérieure à l’investissement actif médian (le passif a eu une performance de 6,9% en annualisé et l’investissement actif 5,7%). Si l’on compare la performance nette d’inflation (un peu moins de 2% sur 10 ans), on arrive à une surperformance de l’investissement passif de 30% !
Lyxor Actif versus Passif, un focus sur les OPCVM européens
La méthodologie et les résultats principaux
Lyxor réalise aussi une étude comparant l’investissement passif et l’investissement actif en Europe : “Blending active and passive funds:Comparing 2016 performances and 2017 outlook”
Les chiffres sont un petit peu différents de l’étude SPIVA Europe pour deux principales raisons :
- Les benchmarks passifs ne sont pas exactement les mêmes.
- Et surtout … les benchmarks de SPIVA sont en gross return (dividendes bruts sans retenus à la source) contrairement à ceux de choisis par Lyxor qui sont net return (avec un impôt à la source). Vous pouvez avoir plus d’information sur ce sujet dans cet article du blog : L’impôt à la source. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients. Dans de nombreux cas se comparer à un indice net return est adapté, car c’est une performance proche de celle des ETF. Cependant ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, la plupart des ETF investissant sur les bourses américaines surpassent l’indice net return, car l’indice net return est calculé avec un impôt à la source de 30% alors que les ETF à arrivent à avoir un impôt à la source de 15%. L’impôt à la source des ETF français investissant en France est de 0% et non de 30%, montant utilisé par l’indice net return. Ainsi, le pourcentage de fonds surperformant un ETF est certainement inférieur aux chiffres de Lyxor pour les indices européens et américains.
Moins de 25% des OPC classiques surperforment les indices
On peut observer qu’un peu moins de 25% de fonds actions sous performent sur dix ans leur indice de référence en moyenne. Et ils ne sont que 12% pour les fonds internationaux et 14% pour les fonds sur les indices émergents. C’est plus que selon la méthodologie de SPIVA, mais encore assez faible. On voit que sur la Chine le chiffre monte à 37%, mais cela ne me semble pas être un élément majeur et ce n’est pas du tout sûr que cela soit reproductible à l’avenir.
Prise en compte de la volatilité, un premier indicateur de risque
L’étude détaillée de Lyxor calcule aussi la volatilité et le rapport entre la performance et la volatilité, que l’on appelle le Sharpe Ratio.
La volatilité des fonds actifs est souvent inférieure à celle de leur indice, mais cette baisse de volatilité est plus que compensée par une moins grande performance. Il en résulte que le rapport performance sur risque est largement meilleur pour l’investissement passif. Par exemple, un fonds international médian a eu une performance annualisée de 3,7% tandis que l’indice MSCI World a eu une performance de 6,2%. La différence est réellement très forte.
La performance des fonds par quartile
On peut aussi trouver la performance par quartiles.
Le MSCI World a eu une performance sur 10 ans de 6,2% par an tandis que le premier quintile des fonds actifs a eu une performance de 5,2%. L’ETF World de Lyxor a depuis dix ans sous performé l’indice World de 0,15% par an seulement. Les chances qu’un fonds actif ait surperformé ce tracker sont extrêmement faibles.
Si vous regardez en détail l’ensemble de ces tableaux issus des études de référence sur le sujet “actif versus passif”, vous verrez qu’il n’existe que très peu de marchés où la gestion active arrive à tirer son épingle du jeu. C’est une des raisons pour lesquelles les ETF sont des excellents véhicules d’investissement.
Les études pro gestion active existent-elles ?
Il existe très peu d’études qui me semblent réellement pertinentes et documentées qui vont dans le sens de la gestion active. UBS a publié une étude en 2017 qui prouverait la surperformance de la gestion active en Europe. Je ne suis pas en ligne avec les conclusions et j’explique pourquoi celà ne me semble pas adapté à un investisseur avisé dans cet article.
Il ne faut pas oublier que certains acteurs (de la gestion active) prédisent la sous-performance de la gestion passive par ce qu’elle deviendrait trop populaire et rendrait le marché inneficient. Je traite de ces points dans cet article “Réflexions sur le risque des ETF“.
Bonjour,
Merci pour cet article, je reste convaincu qu’etre investi le maximum, tout le temps, le plus tot possible sur un PF d’ETF reconstituant un indice msci acwi imi, avec pourquoi pas une surponderation en facteurs : Small, value,… et en émergent, pour augmenter le risque et donc le rendement est la facon la plus simple et rentable sur le long terme de plus de 20 ans.
Hate de continuer a vous lire…je ne trouve pas encore votre nouveau livre sur amazon, tenez nous au courant :)
Bonjour Edouard,
Très bon article, qui tombe à poil car je souhaite investir en PEA-PME (PEA plein) dans des fonds small caps. Pensez-vous qu’une stratégie qui consiste à choisir des fonds en se basant sur un momentum 6M et 3M a des chances de superformer l’indice CaC small? ou au moins le répliquer?
D’après le site http://www.lyxoretf.fr/en/instit/page/activevspassive, sur 3 ans, 56% des fonds smid superforment leurs indices. On pourrait donc s’appuyer sur les performances passées de l’année précédente pour identifier les fonds gagnants actuels et les filtrer ensuite par momentum.
Pensez-vous que cette stratégie : choisir les 2-3 meilleurs fonds 0% du PEA-PME fortuneo (optimisation des frais de courtage, d’entrée et de sortie) a des chances de marcher?
Par ailleurs, j’ai lu qq pages de votre nouveau livre. Je l’achèterai sûrement pour Noël. Les quelques pages que j’ai lues m’ont beaucoup plues! L’objective du livre est très bien expliqué avec une synthèse de votre 1er livre en qq pages!
Petites remarques: à l’instar de votre premier livre, je constate que sur les qq pages que j’ai lues il manquait 3-4 mots dans vos phrases. Ce qui rend vos propos très dificiles à comprendre (passage où vous expliquez la différence entre une performance moyenne et une perf géométrique). Avez-vous la possibilité d’éditer votre livre pour corriger ces erreurs? Si oui, je peux vous envoyer les erreurs que je verrai à l’échat de votre livre.
Bonjour,
Sur les smalls (mid) Caps France, on peut lire dans l’étude complète
L’étude montre aussi que 56% des fonds français ont disparu en dix ans et que 31% surperforment sur cinq ans. Sur cette période le meilleur quartile des fonds a eu une performance de 19,7% annualisée tandis que le benchmark a fait 18,1%. Mais c’est un indice net return je pense (j’ai du mal à être 100% sûr car le site d’euronext ne donne pas facilement les informations). Il faut donc ajouter 0,8 point à l’indice. Ca réduit donc les chiffres que donne Lyxor. A mon avis, bien moins de 25% des fonds sous performent leur indice sur le long terme. Aux Etats-Unis, c’est largement en dessous de 10% selon SPIVA, pourquoi serait-ce différent en France.
Par ailleurs, vous avez vu que la performance des fonds sur trois ans n’était pas du tout indicative de la performance future.
Après le sujet du PEA-PME est spécifique. A mon sens le seul ETF disponible suit un indice pas très équilibré, donc ce n’est pas génial. Il y a peut être des bons fonds “actifs”, mais je ne saurais trop comment les sélectionner !
Pour le momentum 3 à 6 mois des fonds … je ne sais pas. Intuitivement je ne le sens pas, en tout cas la valeur ajoutée me parâit faible. Mais je me trompe peut être.
Pour le nouveau livre, il reste sûrement des coquilles malgré les nombreuses relectures. Oui je peux éditer le livre quand je veux, c’est un des nombreux avantages de l’autoétition. Je serais ravi que vous m’envoyiez celles que vous trouvez.
Le livre est vraiment beaucoup plus long que le premier (6 fois), donc j’ai pu laisser passer des choses.
Bien documenté comme d’habitude. Merci pour cette analyse.