GESTION PASSIVE ET GESTION ACTIVE : DÉFINITIONS, DIFFÉRENCES, RESSEMBLANCES
La gestion passive c’est « ne rien faire » et la gestion active « c’est faire quelque chose », n’est-ce pas ? Mais les définitions de la gestion active et de la gestion passive sont-elles réellement aussi simples ? Bien sûr que non ! Regardons cela de plus près.
Les définitions « de base » de la gestion active et de la gestion passive : un excellent point de départ
La définition de la gestion active
La gestion active cherche à acheter des actifs (actions, obligations, bitcoin, or, etc.) en tentant de choisir ceux qui vont avoir une meilleure performance par rapport aux autres actifs et en achetant au meilleur moment. En fonction de l’objectif de gestion, cela peut consister à tenter de sélectionner les meilleures valeurs au sein d’un univers (par exemple, les petites capitalisations françaises) ou sélectionner la meilleure classe d’actifs (par exemple, choisir entre les actions, les obligations, et l’or). Souvent, la gestion active se compare à un indice ou un composite d’indices. C’est indiqué dans le DICI (Document D’Information Clé pour l’Investisseur). Mais attention tout de même, c’est le gestionnaire actif qui choisit son indice de référence, on peut avoir des surprises.
La gestion active a en général des frais assez élevés (2% par an en moyenne en France), parce qu’il faut rémunérer les gestionnaires qui font les analyses.
À noter, que les fonds actifs doivent théoriquement chercher à faire mieux qu’un indice, en performance ajustée du risque et non juste avoir une meilleure performance.
La définition de la gestion passive
A contrario, la gestion passive ne cherche pas à « faire mieux ». La gestion passive suit un indice boursier et a pour objectif de le suivre le mieux possible. N’hésitez pas à vous référer à cet article pour comprendre comment fonctionnent les indices boursiers.
On appelle les fonds qui suivent des indices des trackers. Les fonds qui suivent des indices peuvent être non cotés, ou cotés en bourse, ce sont alors des ETF (Exchange Traded Fund).
La gestion passive est normalement peu chère. La plupart des ETF cotés sur la bourse de Paris Euronext ont des frais inférieurs à 0,4% par an et on trouve assez facilement des ETF avec des frais inférieurs à 0,2% par an.
Les questions qui se posent sur ces définitions
Comme je le disais, si ces définitions de la gestion passive et de la gestion active fonctionnaient à tous les coups ce serait trop simple. Je partage avec vous quelques réflexions :
- Les indices ne sont pas statiques. La composition d’un indice est régulièrement revue. Par exemple, l’indice S&P 500 des 500 plus grandes valeurs américaines a un turnover moyen de 4%. Cela veut dire qu’une vingtaine de valeurs sont remplacées chaque année. Le S&P 500 d’il y a vingt ou trente ans n’a pas grand-chose à voir avec celui d’aujourd’hui. Et tous les indices ont un minimum de turnover. Pas si passifs que ça finalement ces indices !
- Et si vous sélectionnez dix « bonnes » valeurs et que vous les gardez pendant 50 ans, est-ce de la gestion passive ou de la gestion active ?
- Et si vous pondérez les valeurs non pas en fonction de la capitalisation boursière, mais en fonction d’autres critères tels que leur valorisation ou de leur performance passée, comme le font les ETF Smart Beta, est-ce de la gestion passive ou de la gestion active ? (voir cet article du blog, pour en savoir plus sur le smart beta).
- Et si vous faites un portefeuille d’ETF en tentant de l’optimiser, n’est-ce pas de la gestion active sur des produits passifs ?
- Si vous investissez tous les mois sans réfléchir dans un fonds actif, ne faites-vous pas de la gestion passive sur un produit actif ?
Conclusion pour l’Épargnant 3.0 : mes définitions de la gestion passive et de la gestion active
Comme dans la vie de tous les jours, les frontières entre les concepts sont parfois floues. Il n’est pas facile de trouver une définition univoque de la gestion passive et de la gestion active.
La gestion discrétionnaire, qu’est-ce que c’est ?
Certains préfèrent faire la différence entre la gestion discrétionnaire et la gestion automatisée. Dans la gestion discrétionnaire, le gérant choisit selon les critères qu’il veut les valeurs. Mais ce qui est important pour moi c’est de savoir si le processus de gestion est transparent (et auditable). Par exemple, les gérants de hedge funds utilisent souvent des algorithmes. Cependant, on ne les connaît pas. Un ETF Smart Beta va, lui aussi, suivre un algorithme. Mais celui-ci est décrit très précisément.
Pour moi, il est quasiment impossible de trouver une définition à la gestion passive qui soit parfaite. Il s’agit d’ailleurs plus d’un état d’esprit, lié à la vision du marché et à la relation épargnant/gérant. Mais tentons tout de même.
Ma définition de la gestion passive.
La gestion passive a pour objectif d’obtenir une performance ajustée du risque la plus proche possible du marché, c’est-à-dire le résultat de l’intelligence collective. Lorsque l’on fait de la gestion passive on a conscience qu’il est extrêmement difficile de battre le marché et qu’il faut réduire au maximum les frais. La gestion passive suit les variations du marché, à la hausse comme à la baisse, même dans de potentiels moments d’exubérance ou de panique excessive. La gestion passive est transparente et donne les outils aux épargnants pour comprendre ce dans quoi ils investissent.
Et la définition de la gestion active.
Lorsque l’on fait de la gestion active, on pense qu’il est possible de profiter d’inefficience du marché et donc d’avoir une meilleure performance que celui-ci. Un gérant peut être plus performant que la somme des intelligences mondiales. Il existe donc des bons gérants et des mauvais gérants (pour qu’il y ait des gérants qui fassent mieux que le marché, il faut qu’il y ait des gérants qui fassent moins bien que le marché). C’est à la charge de l’épargnant d’identifier les meilleurs gérants s’il veut s’appuyer sur un gérant. Autrement, s’il fait de la gestion active lui-même, il considère qu’il a un avantage (compétence, information, accès à certains titres, etc.) par rapport au marché. Les frais ne sont pas un sujet primordial, car les fonds actifs délivrent une performance nette de frais. Le processus de gestion est un élément de propriété intellectuelle, il ne peut donc être dévoilé (en tout cas uniquement partiellement). L’épargnant doit avoir confiance dans le gérant intuitu personae ou en tout cas considérer que les informations sur le processus de gestion sont suffisantes pour avoir confiance que celui-ci délivrera une bonne performance sur le long terme.
Sur ce blog et dans mes livres, et notamment dans cet article, je montre qu’une gestion passive sur des produits passifs fait réellement du sens pour un épargnant qui veut dynamiser son patrimoine en y passant très peu de temps.
Je vous souhaite le meilleur pour votre épargne … et surtout pour tout le reste.
Merci pour cet article. moi je préfère la gestion passive. Elle est mieux efficace
Merci de votre reponse.
“S’en prendre correctement”, puis-je avoir plus d’informations ?
Bonjour Édouard,
Depuis des mois que je suis en voyage, la bourse m’intéresse tout particulièrement.
Investi dans les crypto currencies, je souhaite diversifier mon patrimoine dans les trackers, et je pense que vous êtes l’expert français actuel.
Une question : lors du calcul de la rentabilité, personne n’évoque les frais de transaction. Que ce soit Boursorama ou Degiro, le tarif minimum est de 2€ par ordre.
Cela impacte énormément le profit, quel est votre point de vue ?
Merci déjà pour l’aide que vous avez apporté.
Au plaisir,
Bonjour Christophe, mon point de vue est que cela n’impacte pas vraiment le profit lorsque l’on s’y prend correctement