INTERVIEW DE VINCENT – UN ÉPARGNANT 3.0 FAN DE TENNIS DÉÇU PAR LES BANQUES PRIVÉES
Bonjour Vincent, je te remercie pour cette inverview. J’espère qu’elle inspirera d’autres épargnants et les incitera à se lancer. J’ai récemment interviewé Vladimir, et j’ai eu de nombreux retours positifs. Tout d’abord, peux tu nous expliquer quelle est ta situation personnelle aujourd’hui ? J’ai cru comprendre que tu avais, déjà à 37 ans, un beau patrimoine que tu as pu construire grâce à ta capacité d’épargne et à l’aide de tes parents.
Tu t’étais déjà préoccupé du développement de ton patrimoine, car tu sais que c’est important de s’y prendre suffisamment tôt. Tu t’étais notamment fait aider par une “banque privée”. Finalement tu as été déçu. Pourquoi ?
C’est lorsque j’ai cherché à réinvestir les liquidités issues de vente des parts de la PME familiale que je me suis penché davantage sur les placements financiers, alors que j’avais jusqu’alors l’équipement « classique » d’un client bancaire (Livret A, PEL, contrats d’assurance vie de grands réseaux bancaire à 100% en euros) sans trop me pencher sur la question. Les propositions de mon conseiller bancaire « traditionnel » me sont alors apparues inadaptées. J’ai alors cherché à me tourner vers un CGPI ou une banque privée. Ne connaissant pas de conseiller indépendant, j’ai rencontré des CGPI de « boutiques » établies qui me semblaient assez « pushy » et au fonctionnement sur les commissions peu transparentes. La proposition d’une Banque Privée d’un grand réseau bancaire me semblait alors combiner une meilleure banque au quotidien et une approche patrimoniale plus adaptée.
Mais rapidement, nous avons été très déçus aussi bien par la banque au quotidien (peu réactive, chargée en frais) que sur la qualité des investissements (gestion sous mandat peu performante et produits de la banque décevants) et des conseils délivrés dans la durée. En bref, beaucoup de frais supplémentaires sans la qualité ni le suivi de mes investissements que j’attendais.
Et qu’est-ce qui a fait que tu aies envie de te mettre à l’investissement passif ? D’ailleurs, comment es-tu tombé sur la “méthode Épargnant 3.0” ?
Déçu par les assurances vie souscrites en banque privée, je me suis renseigné sur les produits en ligne et j’ai ouvert à la fois des assurances vie performantes en gestion libre de banques et courtiers en ligne ainsi que ces gestions sous mandat de robo-advisors basés sur des ETFs. En me renseignant sur les différents produits et sur les ETFs, je suis rapidement tombé sur un de tes posts et le livre Épargnant 3.0.
L’intérêt que j’ai rapidement vu à la méthode est qu’elle apparaît performante tout en restant accessible pour les non initiés à la bourse et simple à mettre en oeuvre. Elle m’a semblé donc bien plus efficace que les gestions pilotées ou conseillées que j’avais souscrites en banque privée. L’investissement passif m’a semblé également plus adapté à mon fonctionnement que d’autres approches, basées par exemple sur un portefeuille diversifié de titres, plus élaborée mais qui me semble viser davantage à sortir une rente régulière et nécessite une montée en compétences et un suivi beaucoup plus lourd que ce que je pense être capable d’y consacrer.
Tu as donc lu les deux livres “Épargnant 3.0” et “Créer et piloter un portefeuille d’ETF“. Quels sont les enseignements qui t’ont le plus marqué ?
Il y a plusieurs éléments marquants, car assez contre-intuitifs, qui sont étayés par des chiffres et des constats. En premier lieu, les vertus de la passivité et la contre-productivité de tenter d’entrer et de sortir sur le marché au meilleur moment. Également, l’impossibilité de prédire les bons fonds et gérants dans la durée et la très faible probabilité de battre le marché sur le long terme. Enfin, il y a plusieurs éléments sur les aspects et biais psychologiques qui sont assez éclairants également.
Je n’avais pas non plus conscience du poids des USA dans le marché boursier mondial ni de la différence qu’il peut y avoir entre les zones géographiques, même celles au niveau de développement comparable, par exemple la surperformance récente du marché américain par rapport aux marchés européens. Cela permet de prendre conscience de l’intérêt de la diversification géographique et d’allouer le poids adapté au marché américain par exemple (là où des épargnants français sont très orientés de manière disproportionnée sur les actions du CAC 40 par exemple).
Et surtout – même si je crois que c’est encore plus marquant dans la formation que dans le livre – j’ai été principalement marqué par le fait de lire pas mal d’éléments sur des approches plus sophistiquées pour en arriver à la conclusion de rester simple !
Qu’est-ce que tu as trouvé difficile et qu’est-ce qui t’a empêché de te lancer rapidement à “100%” dans cette méthode ?
Ayant déjà trop lu de choses sur les ETFs et peut-être du fait de ma psychologie, je n’ai pu me résoudre à me baser sur un unique ETF World et un fonds euros. Il faut alors être conscient que la 2e marche décrite dans « Créer et Piloter un portefeuille d’ETF » nécessite un peu plus d’investissement pour établir son portefeuille cible, choisir les ETFs, etc . Également, il ne faut pas sous-estimer le temps pour comparer, choisir et souscrire les bonnes offres pour l’assurance vie, PEA voire un compte titre.
Ce qui m’a sans doute ralenti le plus a été de ne pas prendre suffisamment de temps à étudier ma situation actuelle, définir mes objectifs de manière plus concrète ainsi que le niveau de risque que j’étais prêt à assumer. Ainsi, je n’avais mis en oeuvre que de manière partielle et désordonnée la méthode et étais plus sujet à douter du bon timing pour tel ou tel versement mensuel, au prétexte de la dernière mauvaise nouvelle économique ou boursière.
Pour passer à la vitesse supérieure, tu as participé à la formation présentielle. Où en es-tu désormais ?
Au-delà des nombreux conseils pratiques le jour J qui donnent les bonnes clés pour passer à l’action, je me suis servi de manière très « scolaire » des différents supports de préparation et de bilan fournis dans le cadre la formation, pour ensuite définir ma « Politique d’investissement ».
Ainsi, j’ai pu cet été définir mes objectifs de manière beaucoup plus précise et à partir de là décider quelle part garder en sécurisé, quelle part investir sur des supports actions et à quel rythme, et enfin concevoir mon portefeuille cible d’ETF. Il en ressort ainsi un plan adapté à ma situation et psychologie, pour lequel j’ai défini les supports et enveloppes pour investir progressivement sur 18 mois et de manière mécanique vers mon portefeuille cible.
Cela m’a pris du temps cet été, mais me permet d’être plus serein et de réellement mettre en oeuvre là où je m’éparpillais, doutais ou proscratinais il y a quelques mois. Le suivi ensuite sera beaucoup plus léger. C’est un des mérites de la méthode.
Quels conseils souhaiterais-tu donner à ceux qui n’ont pas encore pris leur épargne en main ?
Cela ne prend pas tant de temps que ça de comprendre les différents produits d’épargne et de trouver les offres compétitives. Les sources d’informations pour les débutants sont assez accessibles, tels que les magazines Le Revenu ou Mieux Vivre Votre Argent pour commencer. Ensuite, il est fort utile et pas beaucoup plus long de lire différents blogs et forums pour aller au-delà et se faire une opinion avec plus de recul.
Commencer ne serait-ce que par comparer son ou ses contrats d’assurance vie déjà ouverts avec de bons contrats en ligne est un premier pas assez aisé et avec des gains importants à la clé. Ainsi, sans prendre de risques supplémentaires, on peut aisément gagner 1 à 2% voire plus uniquement sur les frais de l’enveloppe, notamment de manière très significative par rapport aux contrats « standard », mais également aussi par rapport aux contrats « Banque Privée » sans avoir pour autant les mêmes contraintes de versement minimum.
La difficulté pour les produits d’épargne néanmoins par rapport à d’autres domaines (automobile, logement) est de voir à court terme les différences concrètes et le bénéfice, qui ne se voit qu’à long terme sur la performance réelle. Ainsi, ouvrir et pratiquer avec des petits montants ces contrats permet de prendre date, voir les différences au quotidien puis d’y placer une part plus conséquente de son épargne une fois qu’on a un peu plus de recul.
Et des conseils pour ceux qui se lancent dans l’investissement passif ?
Le plus important est de voir si cette méthode est adaptée à ses objectifs et surtout à sa psychologie, car pour être performante, elle nécessite bien souvent de s’exposer bien davantage aux supports Actions que ne l’est généralement son patrimoine financier au démarrage d’une telle stratégie.
Elle nécessite également de conserver une allocation fixe indépendamment des comportements erratiques de la bourse et de l’actualité économique, ce qui est loin d’être simple. Sur ce point, un rapide bilan depuis 2015 des mes allers-retours sur les supports, tentatives de market timing dans mes versements, et des résultats d’une gestion conseillée assez active sur mon PEA a été très révélateur: sur un marché annoncé comme à la veille d’un krach depuis 2015, mais qui a été finalement été porteur (le MSCI World a gagné plus de 30%), j’ai tout juste eu la performance d’un fonds euros moyen sans la garantie en capital qui va avec!
Ensuite à mon sens, il y a plusieurs façons de se lancer dans l’investissement passif ou assimilé:
Le complètement passif décrit dans « Épargnant 3.0 », en prenant un bon fonds euros et un ETF World dans un PEA voire dans la même assurance vie pour être encore plus simple. Pour ceux qui arrivent à s’en tenir à cela sans se poser de questions, c’est de loin le meilleur ratio performance / temps passé. Mais il faut être capable de n’avoir aucun contrôle et d’attendre sans se poser de questions – voir d’oublier son investissement – ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Le « buy & hold » sur une allocation diversifiée d’ETF que tu proposes dans ton second livre, qui permet de définir une allocation personnalisée et donne à mon sens un peu plus un sentiment de maîtrise. Elle ouvre aussi la voie à des optimisations possibles pour chercher un peu plus de performance via des facteurs ou des allocations momentanément « contrariantes » par rapport au marché. Le risque en revanche est de dénaturer le côté passif avec une telle approche donc il est important de se tenir à ses allocations cibles et ses versements programmés.
Même si ce n’est pas réellement « lazy », s’appuyer sur un robo-advisor tel que Yomoni ou WeSave, me semble être une alternative intéressante pour ceux qui ne se sentent pas prêts à gérer leur passivité de manière autonome. Ils ont en effet une diversification et un pilotage tactique supérieurs à un particulier et, surtout, seront un pare-feu pour ne pas faire de mouvements inconsidérés au pire moment. J’ai pu constater la pédagogie qu’ils déploient pour cela auprès de leurs clients lors des quelques secousses sur les marchés qu’il y a eu ces 2 dernières années. En revanche, si je trouve l’approche assez « lazy » du point de vue de l’épargnant, il faut être conscient qu’il y a une gestion active de leur part (donc la probabilité associée de sous-performer le marché à long terme) et un surcoût en frais par rapport aux approches autonomes, mais qui me semble raisonnables néanmoins, notamment par rapport aux gestions pilotées à base d’OPCVM.
À titre d’exemple, j’ai opté pour une répartition à peu près à 50/50 de la partie dynamique de mon patrimoine entre une allocation diversifiée géographiquement d’ETF actions en autonomie (sur mon PEA majoritairement) et des profils dynamiques sur des assurances vies de Robo-Advisors. Je verrai après quelques années de pratique si je garde cet équilibre, gère finalement tout en autonomie ou au contraire ai intérêt avec le recul de tout déléguer sur une offre performante.
Que peut-on te souhaiter pour le futur ?
De faire bien mieux à l’avenir que mes premiers résultats en 3 ans !
Et surtout de réussir à faire fructifier cette situation privilégiée pour atteindre mon double objectif à long terme : donner jeune la même chance à mes enfants que mes parents m’ont donnée, tout en conservant la surface financière à même de permettre d’envisager sereinement à tout moment un changement de vie sans rogner sur notre train de vie.
Une dernière question : pourquoi cette photo de Tennis pour illustrer l’article ?
Même si cela peut sembler une caricature de mettre en avant le tennis pour Épargnant 3.0, cette photo me semblait illustrer plusieurs choses.
D’un côté, je trouve quelques ressemblances dans la pratique du tennis et de l’investissement: à mon petit niveau, gagner en tournoi passe par un jeu simple, où il faut être patient dans les échanges et ne pas tenter des coups gagnants de manière inconsidérée, car pour un beau point gagné, une dizaine sera des fautes et conduiront à la perte du match. N’est pas Federer ou Nadal qui veut ! C’est à peu près pareil pour l’investissement passif dans lequel il faut viser le long terme, avec une méthode simple et ne pas tenter de coups en se prenant pour le meilleur gérant professionnel de la place.
De l’autre, ma petite fille s’est prise de passion (sans doute momentanée à cet âge-là) pour le tennis et cela illustre une des motivations de pouvoir pourquoi pas à terme faire des choix de vie/carrière pour partager plus de temps en famille sur des passions communes, que ce soit le tennis ou autre chose. Et qui sait, notre patrimoine financier pourra aider à financer le démarrage de sa carrière professionnelle.
Merci à Vincent pour son retour très instructif. A noter que Vincent a participé à un atelier présentiel. J’ai transformé cet atelier présentiel dans une formation en ligne. Cette formation en ligne est composée d’une dizaine d’heures de vidéos, dont des démonstrations très claires, et de quizz. Je vous recommande de jeter un œil à la description de cette e-formation sur la gestion passive et les ETF. Je l’ai conçue pour être un réel accélérateur.
Bonjour, je suis dans le meme cas que Frederic. Merci par avance pour vos conseils.
Bonjour,
Très intéressant.
Mais pour moi qui suis français mais pas résident fiscal français, existe-t-il un intérêt à placer sur PEA ou assurance-vie en France ? Ou dois-je plutôt m’orienter vers des brookers aux commissions bien moindre ?
Merci et bonne continuation Edouard !!