Pourquoi investir en Bourse aux États-Unis en 2025 ?
En tant qu’investisseur, indiciel ou actif, nous devons nous poser la question de la place de la Bourse américaine dans notre capital. L’allocation actuelle du marché sur les États-Unis est-elle trop importante ? Le marché américain est-il déréglé ? Le marché états-unien est-il sur évalué ?
Pour la partie “pro États-Unis”, je m’appuie sur un document de Goldman Sachs. Ce n’est pas nécessairement mon avis, cependant, je trouve les données particulièrement intéressantes.
Pourquoi se poser la question de “sortir” de la Bourse américaine ?
Il y a au moins 3 raisons pour lesquelles on peut se poser la question d’allouer une part de notre capital aux entreprises américaines inférieure à la place qu’elle a dans le marché boursier mondial !
Une part très (trop) significative dans les Bourses mondiales
La première raison est que, justement, la part des États-Unis dans le marché actions mondial est devenue particulièrement élevée.
Lorsque l’on regarde l’indice MSCI World, un indice très pratique et utilisé par les ETF, qui suit 23 pays développés dans le monde et 1400, les États-Unis pèsent 74% !
On le voit bien sur le graphique ci-dessous. Au passage, vous aurez noté le poids de la France, à 2,56% …
Si on prend une vue un peu plus large sur le marché des actions, et que l’on inclut les pays émergents et les petites capitalisations, en utilisant l’indice ACWI IMI, les États-Unis pèsent tout de même 65%.
Certains diront que l’on peut faire mieux en termes de diversification !
La concentration extrême du marché américain
Justement, en termes de diversification, le marché lui-même est très concentré. La performance des grosses capitalisations a réellement tiré le marché vers le haut !
On peut voir sur le graphique ci-dessous que le Top 10 du S&P 500 a contribué à 68.1% à la performance de l’indice américain !
Et sur le graphique suivant, vous pouvez voir le poids du Top 10 dans l’indice depuis 1980. Nous sommes à pratiquement 40% !
La valorisation importante de la Bourse américaine
Enfin, le marché américain est particulièrement bien valorisé au regard des données historiques !
Il y a différentes façons d’observer la plus ou moins grande valorisation d’un marché. Ici, JP Morgan, regarde le ratio cours sur bénéfice (c’est-à-dire combien de fois l’on achète le bénéfice de l’indice) et le compare à l’historique. Le losange bleu est le niveau de valorisation actuel, la barre verte la moyenne depuis 1990, et le gris l’éventail des possibilités depuis 1990.
Nous pouvons observer que le losange bleu est bien en haut dans la barre grise des États-Unis. Cela signifie que le marché est (très) cher si l’on regarde cet indicateur !
Pourquoi investir malgré tout aux États-Unis ?
JP Morgan a fait un long papier pour dire tout le bien qu’ils pensent d’un investissement aux États-Unis.
Je partage avec vous quelques éléments qui me paraissent frappants.
La productivité des employés américains
La productivité des employés américains est la plus haute dans le monde. Un employé américain génère 171 000 $ de PIB (mesuré en PPP, Parité de Pouvoir d’Achat) contre 120 000$ pour un Allemand, par exemple. Les États-Unis sont à la première place et l’écart continue à se creuser, car les États-Unis ont ajouté 9000 $ à leur productivité, contre 3600 $ pour la France, par exemple !
Les États-Unis sont à la première place tant en productivité par personne qu’en productivité par heure !
Cela est dû à de nombreux facteurs, Goldman Sachs cite les suivants :
- Le nombre d’années d’études est particulièrement haut (13,3 contre 10.6 en France)
- Ils sont deuxièmes, derrière la Corée du Sud, sur part des personnes en âge de travailler ayant fait des études supérieures (29.3, contre 15.1 en France)
- Les meilleures universités du monde sont aux États-Unis
- Le nombre d’heures travaillé est supérieur de 30% aux États-Unis par rapport à l’Allemagne, et 20% par rapport à la France.
Une R&D au top !
L’innovation des entreprises américaines est incroyable, nous pouvons le ressentir dans notre vie de tous les jours.
Goldman Sachs donne quelques éléments factuels :
- Dépense de R&D de 800 milliards, loin devant la Chine avec 400 milliards (et la France 66).
- N°1 dans le monde avec 16 000 brevets.
- 48 sociétés de technologie avec un bénéfice supérieur à 1 milliard $ (contre 7 dans l’Eurozone)
Le marché américain est plus cher, et c’est normal !
Si l’on regarde différents indicateurs, on s’aperçoit que le marché américain est nettement plus cher que les autres marchés boursiers (à l’exception de l’Inde).
Mais Goldman Sachs souligne que les États-Unis sont bien plus exposés au secteur technologique, qui est par nature plus cher. Par ailleurs, la croissance économique des États-Unis est plus forte que celle des autres pays développés. De plus, les gains de productivité liés à la généralisation de l’intelligence artificielle devraient être plus élevés aux États-Unis.
Goldman Sachs ajoute de nombreux autres arguments. J’en citerai un de plus. Comme on voit dans le tableau, lors des krachs, la baisse est moins forte sur la Bourse américaine !
La concentration n’est pas un indicateur de performance future fiable
Goldman Sachs a observé les performances sur 1 an en fonction du niveau de concentration (le pourcentage des 5 plus grosses valeurs dans le S&P 500). Vous voyez le résultat sur ce graphique (depuis 1979).
Il n’y a tout simplement pas de corrélation !
Ils ont même fait l’étude depuis 1929 et n’ont rien trouvé (que ce soit sur un an ou sur dix ans) !
Conclusion pour l’Épargnant 3.0
Voilà un tour d’horizon d’argument visant à investir aux États-Unis. Goldman Sachs ne recommande pas spécialement de désinvestir des États-Unis, mais de rester largement investi.
Goldman Sachs n’a pas de boule de cristal, et ils rappellent que si la Bourse américaine a surperformé sur le long terme. Il y a eu des périodes de sous-performance, comme on peut le voir sur le graphique suivant. Regardez par exemple :
- la crise de 29
- les 20 ans à partir de 1965
- …
À noter que ce graphique ne prend pas en compte les marchés émergents, qui ont parfois eu une période excellente !
Par ailleurs, il existe naturellement des thèses baissières sur la Bourse américaine !
En tout état de cause, le plus simple est comme d’habitude d’utiliser un ETF Monde (potentiellement en y ajoutant des marchés émergents et des petites capitalisations) et de faire confiance à l’intelligence collective des marchés.
Vous pouvez aussi choisir de diversifier géographiquement tout en ayant une répartition différente, car exemple plus proche de la capitalisation totale (et non flottante) des différents marchés, ou du poids économique des pays. J’en parle en détail dans ma formation.
Je vous souhaite le meilleur pour votre épargne … et surtout pour tout le reste !
Bonsoir
Article interessant et equilibré : la bourse americaine intégre des vrais risques mais en final, cela semble rester la meilleure option (ou la moins pire!) pour investir en dynamique (et oubliant fonds EU, livret A, etc..=) ==> cela fait 3 ans au moins qu’on attend le reveil de la chine et/ou des small caps et/ou des emergents ==>miser sur l’Europe ou la france a aussi de plus en plus de boulets associés !
Article très intéressant et enrichissant, merci pour le temps passé à faire l’analyse et une synthèse de l’étude de Goldman Sachs et JP Morgan, celui-ci résume bien la puissance de l’économie américaine et de la main-mise financière des Etats-Unis sur le reste du monde. Avec l’arrivée au pouvoir de D. Trump qui est un pro-bussiness et qui mettra tout en œuvre pour que les E.U. le restent, je ne vois pas comment la Chine avec ses difficultés actuelles et les différents pays constituant l’Union Européenne incapables de s’entendre et de créer une véritable puissance économique (même si les actions européennes sont globalement sous évaluées) pourront inverser la tendance. Le leadership des Etats-Unis est bien réel et le restera encore pour longtemps que cela nous aille ou pas tel est la réalité économique du monde dans lequel nous vivons.
Bonjour à tous,
Nous avons deux facteurs structurants durables pro USA:
– la réglementation américaine est pro-business alors que la réglementation européenne & française ne l’est pas (trop lourde, trop complexe, trop de recours juridiques, trop de délais, pas rentable) et cela va en s’aggravant.
– la taxation française est trop forte ce qui diminue la rentabilité et incite les grands fonds à investir plutôt aux USA.
De là il découle un sous-investissement chronique en Europe.
Ajoutons à cela un élément plus récent mais majeur y compris pour l’IA : l’énergie est bon marché aux USA, trop chère en Europe. Or un data center est aussi vorace qu’une usine lourde, donc cette remarque s’applique aussi au déploiement du secteur “high tech”.
Moins clair pour moi le succès (ou échec) futur de l’Inde, la Chine, le Brésil…dans cette course à la compétitivité car ces pays disposent de nombreux atouts…mais avec des incertitudes géo-politiques.
Merci Edouard pour vos articles qui nous aident à réfléchir et à nous poser les bonnes questions pour notre épargne.
A ce propos, je suis très content d’avoir suivi votre formation épargnant 3.0 en 2024.
Bien cordialement Jean-Louis
Merci Jean-Louis, dans la note Goldman Sachs ils parlent de la Chine, allez y jeter un oeil.
Bonjour. Merci pour le debrief de l’étude de JP Morgan sur l’investissement zone US. Mais tout ça dans le sens positif… JP Morgan étant américaine, est elle totalement objective. Il manque de épargnant 3.0 une analyse contradictoire car il y a certainement des points de risques et des solutions pour les limiter. Merci.
Bonjour, merci pour le retour, honnêtement, je ne suis pas économiste, je suis un investisseur passif -> j’ai mis 3 arguments contre au départ … et donné mon point de vue à la fin en tant qu’investisseur 3.0
Bonjour Edouard, merci pour ce nouvel article intéressant. Peut-être une petite coquille ici : “…indicateur de performance future faible”, vous vouliez écrire “fiable” ?
David.