CBOE VIX
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LE VIX : définition et usages

Vous avez peut-être déjà entendu parler du VIX, qui est considéré comme l’indice de la peur. Il permet en effet d’évaluer le stress des intervenants sur les marchés financiers, et donc potentiellement les krachs boursiers. Il existe de nombreuses stratégies permettant d’utiliser cet indice de référence.

Qu’est-ce que le VIX ? Un indice pas comme les autres

On a l’habitude de parler des indices actions, voire des indices obligatoires. Cependant, il est possible de créer des indices boursiers sur toutes sortes de choses.

Le VIX, qui est l’abréviation de Volatility IndeX (indice de la volatilité) représente la prévision faite par le marché de la volatilité sur les 30 prochains jours.

La bourse a une forte volatilité lorsqu’elle fait fréquemment et rapidement des hauts et des bas. Cela arrive lorsque les acteurs boursiers ont encore moins de compréhension par rapport à d’habitude de ce qui se passe. Il s’agit d’une période de stress boursier. C’est pour cela que l’on appelle souvent le VIX l’indice de la peur.

Comment est calculé l’indice ?

La volatilité implicite et la volatilité historique

Un point important à noter est que l’indice cherche à traduire la volatilité prévue, appelée implicite et non la volatilité passée, appelée historique. Lorsque l’on étudie un indice actions, et notamment sa factsheet, on étudie la volatilité passée.

Vous pouvez voir ici un exemple sur différents indices de MSCI

Volatilité indices MSCI

Standard deviation se traduit volatilité en français. À titre d’exemple, le MSCI World a eu une volatilité de 13,57% sur les 10 dernières années. Une autre différence est qu’il s’agit d’une volatilité sur base mensuelle, annualisée, et non une volatilité journalière comme dans le cas du VIX. 

Vous vous doutez qu’il peut y avoir une différence relativement significative entre la volatilité prévue par le marché et la volatilité qui va finalement se réaliser. C’est d’ailleurs ce que l’on voit dans ce graphique. La volatilité prévue est en bleu clair, et la volatilité réalisée en bleu foncé.

VIX et volatilité historique

Le calcul grâce aux options

Plutôt que de se dire que la volatilité future va être identique à la volatilité passée, nous allons utiliser les options dont le principe a été expliqué dans cet article du blog

Une option est un produit financier qui donne le droit d’acheter ou de vendre un actif (tel qu’une action, une obligation, des matières premières, etc.) à un prix convenu au départ et pendant une certaine période.

Pour calculer le prix d’une option, il faut faire une hypothèse sur la volatilité future du sous-jacent. Le sous-jacent peut être, par exemple, l’indice S&P 500.

En décortiquant le prix des options, on peut donc connaître la volatilité prévue par le marché (les professionnels qui négocient les options) de n’importe quelle action ou indice qui peut être échangé sous forme d’options.

Lorsque l’on parle du VIX on insinue qu’il s’agit du VIX sur le S&P 500, c’est-à-dire le marché américain. Cependant, on pourrait parler aussi de VIX CAC 40. Et cet indice existe, il s’agit du VCAC, géré par Euronext. En Europe, nous avons le VSTOXX qui mesure la volatilité implicite de l’Euro Stoxx 50.

Il existe aussi des indices de volatilité sur les matières premières, les changes et il existe même un VIX du VIX !

La volatilité implicite a été supérieure à la volatilité historique

Est-ce que les traders prévoient bien la volatilité future ? Oui, mais en la surestimant en moyenne. La volatilité prévue a été supérieure à la volatilité réalisée plus de 80% du temps. On peut clairement le voir dans le graphique précédent qui compare la volatilité historique et prévue.

Cette différence est due à de nombreux facteurs. Une des raisons est que les options sont souvent utilisées pour couvrir son portefeuille (se protéger contre les baisses), et que c’est une forme d’assurance qui a un coût. Voyez mon article sur les options pour plus de détail sur ce sujet.

Quelle est l’histoire du VIX ?

La création de cet indice boursier par le CBOE

Le VIX a été créé en 1993 par le CBOE (Chicago Board of Options Exchange) 10 ans après l’émergence des premières options sur le S&P 100 et S&P 500. À sa naissance il suivait le S&P 100, mais en 2003 la méthode de calcul a été modifiée afin de suivre le S&P 500.

Désormais de nombreuses bourses autres que le CBOE ont des indices de volatilité.

L’évolution depuis sa création

Le graphique ci-dessous montre l’évolution du VIX Index entre 1990 et fin octobre 2020. La courbe bleue présente l’évolution de l’indice et la droite orange la médiane (le VIX a passé 50% du temps au-dessus de la médiane et 50% du temps en dessous).

Historique du VIX

On peut s’apercevoir que l’indice s’éloigne parfois très fortement de la médiane. Ce fut le cas par exemple en 2008 et 2020, deux crises très importantes. D’ailleurs, de manière plus générale, la plupart des augmentations brutales de cet indice de la peur se sont faites avec une baisse brutale de la bourse américaine.

On peut même dire que le VIX est négativement corrélé avec l’évolution de la bourse. C’est ce que l’on peut voir sur le graphique ci-dessous de JP Morgan Asset Management.

VIX et Krachs boursiers

Trouver des actifs décorrélés est le Graal du gestionnaire de son patrimoine, qui réfléchit à la meilleure allocation d’actions. Mais ce n’est pas si simple …

Comment trader le VIX ?

La nécessaire utilisation des produits dérivés

Le VIX n’est pas échangeable en tant que tel. Il faut s’appuyer sur les futures (contrat à terme). Un future est un contrat qui permet d’acheter un sous-jacent dans le futur. On peut aussi utiliser les options. Ces produits dérivés sur le VIX ont été lancés au début des années 2000.

Au 29 octobre 2020, le cours des futures sur le VIX baisse au fur et à mesure que l’échéance est lointaine.

Les futures sur la l'indice de la peur

Le marché s’attend à ce que le stress sur les actions américaines baisse. Quand la courbe baisse, nous sommes dans ce que l’on appelle un effet backwardation, et lorsque la courbe monte nous sommes en contango. Si vous voulez plus de détail sur ces effets, vous pouvez lire mon article sur les ETF sur pétrole, cela fonctionne de manière similaire.

C’est un effet important à connaître. En effet, lorsque l’on investit sur les futures sur le VIX, il faut constamment racheter ses positions au fur et à mesure que l’échéance se rapproche de la date actuelle. C’est ce que l’on appelle faire rouler ses positions. Et il est important de savoir si la position que l’on va racheter est moins chère que la position que l’on possède.

En général le VIX est en contango, ce qui signifie que le VIX de court terme est moins cher que le VIX de long terme. Comme on rachète en moyenne plus cher, c’est une stratégie structurellement perdante.

C’est ce que l’on voit dans le graphique ci-dessous. Il représente l’indice VIX Short Term Futures de S&P. Cela correspond à une stratégie qui s’appuie sur futures de court terme sur le VIX. 

S&P 500 VIX Short-Term Futures

Vendre la volatilité ?

Vous allez certainement dire que si acheter des contrats futures VIX est une activité structurellement perdante, alors vendre constamment des contrats à terme VIX est une activité structurellement gagnante. Vous avez raison, vendre la volatilité est censé être performant sur le long terme. C’est normal, en moyenne le marché se porte bien, et les krachs sont rares.

En réalité cette stratégie consiste à vendre une assurance contre les krachs. Et l’assurance est un bon business. C’est d’autant plus intéressant que la plupart des gens ont tendance à surestimer le risque de catastrophe, et que d’un point de vue psychologique on préfère se protéger des risques que de s’y exposer davantage.

Comme le montrent Geert Bekaert, Robert Hodrick et Andrea Kiguel dans leur papier “Variance Risk in Global Markets” de 2019, c’est vrai dans le monde entier et pas seulement aux États-Unis.

Le problème est que quand un Krach survient c’est la catastrophe absolue. Ça baisse très très vite … et très très fort !

Les ETF sur le VIX

Les ETF sur les marchés dérivés ne sont pas vraiment des ETF, ils sont plus souvent des ETN (Exchange Traded Notes), qui sont des créances (vous ne possédez pas le sous-jacent, c’est l’émetteur du produit qui vous doit de l’argent … et s’il fait faillite …).

Aux États-Unis, il existe des ETN (Exchange Traded Notes) qui permettent d’acheter ou de vendre la volatilité. Certains utilisent même l’effet de levier.

Comme ces produits financiers cotés aux États-Unis ne sont pas accessibles aux investisseurs particuliers européens, je ne vais pas m’étendre sur le sujet. Cependant, j’ai pris comme exemple un produit coté aux États-Unis qui vend la volatilité.

ETF VIX

Les chutes peuvent faire vraiment très très mal !

Conclusion pour l’Épargnant 3.0 : investir en bourse grâce à l’indice VIX ?

Très utile pour mieux comprendre la finance et ce qu’est le risque

L’indice VIX est intéressant à comprendre, même si le sujet n’est pas évident. Cela permet de mieux appréhender les fondamentaux de la finance et du risque. On peut notamment s’apercevoir que des stratégies qui peuvent paraître peu risquées la plupart du temps peuvent devenir risquées très vite. C’est le cas de la stratégie de vente de la volatilité. Le rapport performance sur risque est excellent la plupart du temps, mais lorsque cela va mal les pertes sont énormes. Comme je l’explique dans la formation Épargnant 3.0, on ne peut pas mesurer le risque uniquement par la volatilité et ce n’est pas parce qu’une stratégie ou un actif a eu un excellent rapport performance sur volatilité que ce n’est pas une stratégie risquée.

Difficile à utiliser

Ceux qui veulent investir sur le VIX devront passer par le marché de produits dérivés, qui est difficile à comprendre. Aussi, il faudra mettre en place une stratégie pertinente qui devra certainement aller au-delà de vendre la volatilité lorsqu’elle est haute et l’acheter lorsqu’elle est basse. Une stratégie que l’on voit relativement souvent. Cette stratégie consiste à vendre une assurance lorsqu’elle est chère (en période de krachs) et s’assurer lorsque tout va bien ! La façon dont fonctionnent les contrats à terme met à mal cette stratégie.

Je vous souhaite le meilleur pour votre épargne et surtout pour tout le reste !

Questions fréquentes

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5 commentaires

  1. Si vous souhaitez jouer la thématique du VIX, la société ABC ARBITRAGE coté à la bourse de Paris traque le VIX et possède un savoir faire dans ce domaine depuis plusieurs années.
    Ceci n’est pas un conseil en investissement mais uniquement une information.

  2. Bonjour Edouard,

    Vous parlez d’option, mais est-ce que les warrants et les turbos ne peuvent pas faire la même chose ?
    En revanche, je suis d’accord avec vous, c’est difficile à exploiter.
    Personnellement, j’ai laissé tomber tout ce qui est option, warrant et turbo, qui sont en effet difficiles à appréhender et à gérer sans y consacrer tout son temps, d’autant plus lorsque l’on a une vie professionnelle prenante à côté.

  3. Merci pour cet article intéressant. Dans le même registre de “vendre de l’assurance”, que pensez-vous de vendre des puts sur une petite partie d’un portefeuille ? Et comment le faire exactement en maîtrisant les choses (quelle échéance, prix, etc) ?

    1. Bonjour Xoxo,
      La couverture de portefeuille n’est pas simple à mettre en oeuvre, car vous faîtes appel à des produits dérivés qui sont plus complexes à appréhender (comme la volatilité) que de simples actions / ETF et qui sont plus risqués et qui ont des mouvements amplifiés qui peuvent mettre vos nerfs d’investisseur à rude épreuve.

      Pour illustrer la complexité de ces produits, vous avez même des stratégies dans lesquelles vous achetez en même temps un put et un call sur une même action (car vous n’avez pas d’avis sur le marché) et vous misez sur la volatilité pour gagner l’argent en empochant la différence entre ce que vous avez gagné avec le call/put et ce que vous avez perdu sur le call/put.

      De plus les mouvements de baisse/hausse sont amplifiés avec les options, turbos ou warrants, c’est les montagnes russes avec ce type de produit, c’est comme si vous allez à DisneyLand, vous avez le choix entre les manèges tranquilles (ETF et indice) ou le space mountain (option et warrant).

      C’est tentant de couvrir son portefeuille, mais est-ce que ça va vous apporter le confort et la tranquillité souhaités ?
      On peut bien sûr gagner avec des options mais renseignez vous bien, il faut être conscient que ce type de produit n’est pas fait pour tout le monde, et il faut avoir des connaissances plus solides que pour des actions ou ETF.
      Personnellement, j’ai abandonné la piste car c’est trop complexe et ca demande trop de temps à gérer.