Michael Burry du film « The Big Short » pense qu’il y a une bulle des ETF
Michael Burry du film « The Big Short » pense qu’il y a une bulle des ETF.
Michael Burry est un gérant de Hedge Fund très célèbre. Il a piloté le fonds Scion Capital LLC et il a détecté la crise des subprimes de 2008 contre l’avis de tout le monde. Il a gagné contre le consensus du marché. Les subprimes étaient nettement plus risquées que les banques voulaient bien le dire.
Mais surtout son histoire a été portée au cinéma dans le film « The Big Short ». Son personnage a été interprété par Christian Bale.
Aujourd’hui Michael Burry gère ses propres investissements. Il s’intéresse particulièrement au sujet de l’eau. Il fait aussi des commentaires sur la gestion de la crise du Coronavirus ou ses prises de position sur Tesla … sur Twitter ! Il a tout de même plus de 150 000 followers sur le réseau social.
Ce n’est pas parce que Michael Burry a réussi un splendide coup en 2008, qu’il a raison sur la Covid, Tesla ou même les ETF. Mais avant de parler des ETF et son désamour de la gestion indicielle, vous voulez peut-être savoir à quoi ressemble le vrai Michael Burry (et non Christian Bale déguisé en Michael Burry). Vous avez ci-dessous une photo de lui devant le Ziegfeld Theater à New-York à la première du film “The big short” (la casse du siècle, en français).
Michael Burry pense que les ETF sont en situation de bulle et qu’elle va éclater !
Vous avez été nombreux à me contacter pour me demander ce que j’en pensais. J’ai déjà écrit plusieurs fois sur les risques des ETF. Cependant, c’est l’occasion de compléter mon discours (je vous conseille donc de (re) lire l’article que j’ai mis en lien juste avant).
Ce que pense Michael Burry des ETF ? Une bulle ?
Michael Burry a été récemment intervierwé, et ce gérant actif a dit que les ETF étaient en situation de bulle, et que cette bulle allait éclater.
Voilà ce qu’il dit (l’article original de Bloomberg est ici):
Les investissements passifs tels que les fonds indiciels et les fonds négociés en bourse (les ETF) gonflent les prix des actions et des obligations de la même manière que les titres de créance garantis par des hypothèques à risque (CDO : collateralized debt obligation ou en français “obligation adossée à des actifs”).
Les banques centrales et Bâle III ont plus ou moins supprimé la découverte des prix des marchés du crédit (note de l’auteur : les obligations aux entreprises), ce qui signifie que le risque ne dispose plus d’un mécanisme de tarification précis des taux d’intérêt. Et maintenant, l’investissement passif a éliminé la découverte des prix des marchés boursiers. Les thèses simples et les modèles qui acquiescent les gens dans les secteurs, les facteurs, les indices ou les ETF et les fonds communs de placement imitant ces stratégies — ceux-ci ne nécessitent pas l’analyse des valeurs qui est nécessaire pour la découverte réelle des prix.
Lorsque les entrées massives dans les véhicules passifs s’inverseront, ce sera moche”, comme la plupart des bulles, plus cela dure longtemps, plus le crash sera grave.
Cela ressemble beaucoup à la bulle des CDO synthétiques adossés à des actifs avant la Grande Crise financière, cette fixation des prix sur ce marché n’a pas été réalisée par une analyse fondamentale du niveau de sécurité, mais par des flux de capitaux massifs basés sur des modèles de risque approuvés par des Prix Nobel, qui se sont révélés être faux.
Au sein de l’indice S&P 500, plus de la moitié des composants, soit 266 actions, ont un volume d’échange inférieur à 150 millions de dollars par jour. Cela peut paraître beaucoup, mais ce sont des milliers de milliards de dollars qui sont déversés mondialement dans ces ETF” sur le S&P 500.
Dans l’indice Russell 2000, par exemple, la grande majorité des actions sont des actions à volume plus faible et à faible valeur. Aujourd’hui, j’ai compté 1 049 actions qui se négociaient moins de 5 millions de dollars en valeur au cours de la journée. C’est plus de la moitié, et près de la moitié de ces actions — 456 actions — se sont échangées moins d’un million de dollars au cours de la journée. Pourtant, grâce à l’indexation et à l’investissement passif, des centaines de milliards sont liés à des actions comme celle-ci. L’indice des valeurs du monde, l’indice, ne fait pas autre chose, mais 266 actions — plus de la moitié — se négocient aujourd’hui sous les 150 millions de dollars. Cela semble beaucoup, mais des billions de dollars d’actifs à l’échelle mondiale sont indexés sur ces stocks. Le théâtre ne cesse de s’entasser, mais la porte de sortie est la même qu’elle l’a toujours été. Tout cela s’aggrave à mesure que vous entrez dans des marchés boursiers et obligataires encore moins liquides à l’échelle mondiale.
La pièce est de plus en plus pleine, mais la porte de sortie a toujours la même dimension. Et c’est encore plus grave à mesure que la liquidité des marchés d’actions et d’obligations se réduit mondialement”
Potentiellement, le pire sera l’impossibilité de dénouer les dérivés et les stratégies d’achat/vente nus utilisés pour aider un si grand nombre de ces fonds pseudo-match flux et les prix chaque jour. Ce concept fondamental est le même que celui qui a entraîné l’effondrement du marché en 2008. Cependant, je ne sais pas quelle sera la chronologie. Comme la plupart des bulles, plus il dure, plus le crash sera mauvais.
Michael Burry
Vous avez peur ? Parlons-en !
Mais il a aussi dit qu’il voyait des opportunités dans les petites capitalisations asiatiques !
Il n’est pas difficile au Japon de trouver une simple sous-évaluation extrême — de faibles gains multiples, ou de faibles flux de trésorerie disponibles multiples. Dans de nombreux cas, la société peut avoir des liquidités ou des actions importantes qui constituent une grande partie du cours de l’action.
Il y a beaucoup de valeur dans l’espace des petites capitalisations dans les composantes technologiques et technologiques. Je crois beaucoup à la croissance continue des technologies à distance et virtuelles. Le retracement mondial dans les semi-conducteurs, l’affichage, et les industries connexes a nui aux actions des petites entreprises japonaises connexes énormément. Je m’attends à ce que des entreprises comme Tazmo et Nippon Pillar Packing, une autre de mes exploitations, rebondissent avec une bêta élevée pour le secteur alors que l’inventaire des composants technologiques est terminé et que la croissance reprend.
Michael Burry
Les gérants actifs et surtout les gérants de Hedge Fund se plaignent souvent des ETF
La première chose à savoir est que la gestion passive est la cible idéale des gérants actifs. Le bouc émissaire même peut-être.
La gestion active est une industrie sous pression sous l’influence de nombreux phénomènes dont les taux bas, le besoin de technologie et la part grandissante de la gestion passive.
L’évolution des frais annuels des fonds est en chute libre.
Vous voyez le problème ? Les frais sont passés de 1% par an à 0,5% par an en 2018 (regardez les colonnes marron, qui la moyenne des frais pondérée par l’encours des différents fonds). C’est une division par deux ! Normal que les gestionnaires actifs soient remontés comme des pendules !
(Attention les frais des fonds actifs sont plutôt encore de l’ordre de 2% par an en France !!!)
La performance des Hedge Funds est catastrophique
La performance des Hedge Funds, les stars de la finance, dont les gérants sont immensément rémunérés, a été catastrophique depuis une dizaine d’années.
Il en résulte que de nombreux gérants de Hedge Fund (souvent avec des performances catastrophiques) tirent à boulets rouges sur la gestion passive. Eric Balchunas, le spécialiste des ETF de Bloomberg, a répertorié quelques-unes de ces « agressions »
- Carl Icahn gérant de Pershing Capital Square « les ETF sont caractéristiques d’une bulle »
- Seth Klarman de Baupost Group « Plus les investisseurs se détournent de la gestion, plus les marchés deviennent inefficients »
- Howard Marks de Oaktree Capital « cela ne fait aucun sens de pouvoir investir dans un produit plus liquide que son sous-jacent (ce dans quoi il est investi)
- Paul Singer de Elliott Management « la gestion passive est désormais une bulle qui est destructrice pour le capitalisme »
Les critiques sur la gestion passive remontent à la naissance de la gestion passive
Il a même retrouvé cette pépite datant de 1975
En résumé un banquier de la Chase, dit que la prolifération de la gestion passive (en 1975 !!!) allez entraîner une inefficience des marchés. Goûtez l’ironie de la chose !
J’ajouterais bien ce qu’a dit Fraser Jenkins, qui n’est pas un gérant de hedge funds, mais un gérant actif : « La gestion passive est pire que le Marxisme »
La gestion active n’est elle pas en situation de bulle ? (plutôt que la gestion passive)
Regardez ce graphique qui indique la part de détention des actions américaines :
Vous voyez la même chose que moi ?
Les ETF (en bleu foncé) ne possèdent que quelques pour cent des actions américaines. Et encore moins pour les actions européennes et françaises (l’AMF a fait une étude très précise sur le sujet). Même si on ajoute les fonds indiciels passifs on arrive à 15% maximum. Cela reste (très) peu.
La gestion active (en bleu clair) est passée de quelques pour cent avant 1980 à plus de 20% depuis les années 80. D’ailleurs, dans les films « The Big Short », le « Loup de Wall Street » et « Wall Street », on voit bien la naissance de la « gestion active moderne ». D’ailleurs, comme l’explique très clairement le blog américain The Reformed Borker sur cet article, l’investissement en action a surtout été passif. Il y a 50 ans acheter et vendre des actions était lent et coûtait très cher. On ne s’amusait pas à être actif.
En fait, sur le graphique, la gestion passive, c’est tout ce qui n’est pas bleu clair … regardez à nouveau le graphique avec cette lecture …
Aussi regardez le nombre de sociétés de gestions que ce soit aux États-Unis, ou en France. Cela a explosé. L’investissement passif n’est pas une anomalie. La plupart des investisseurs (les familles, l’Etat, les fonds de pension, les fonds souverains, etc.) investissent pour le très long terme et ils sont passifs !
D’ailleurs, quand Warren Buffett dit qu’il faut acheter des actions que l’on garde toute sa vie, que dit-il ?
Ce sont les investisseurs actifs qui font chuter les marchés
Les gérants actifs devraient profiter de l’inefficience, supposément crée par les ETF
On reproche parfois, comme le fait Michael Burry, à la gestion passive de rendre le marché moins performant, moins efficient. Mais vous ne trouvez pas un peu bizarre qu’un gestionnaire actif se plaigne d’avoir des marchés peu efficients. Il est censé savoir en tirer profit non ? On voit pourtant clairement le contraire dans les statistiques.
J’étais d’ailleurs tombé sur une pépite dans le journal Investir il y a quelques mois :
Du fait de l’existence de la gestion quantitative et des ETF, le marché est plus inefficient et imprévisible » !
Un gérant interviewé dans le journal Investir
Ah bon. Justement le fait qu’il soit imprévisible est bien une forme d’efficience (il y a plein de papiers scientifiques sur le sujet).
Par ailleurs, il est vraiment étonnant qu’un gérant actif se plaigne que le marché devienne inefficient. Un marché inefficient est un marché pour les actions sont mal (au sens de façon non efficace) valorisées, en étant, par exemple, décorrélées de leur valeur fondamentale. Pourtant c’est bien quand il y a des erreurs sur le prix des actions que le gérant actif peut trouver des opportunités !
Les gérants actifs devraient se réjouir d’un marché inefficient. Ils devraient avoir d’excellentes performances dans ce genre de marché. Ils devraient se réjouir si les ETF devaient rendre le marché inefficient !
Je ne comprends pas trop l’argument …
D’ailleurs ils ont globalement des performances qui ne s’améliorent pas vraiment.
Par exemple, le graphique ci-dessous l’évolution du pourcentage de fonds actifs battus par leur indice (source : SPIVA 2018). Le marché des petites capitalisations étant pourtant réputé moins efficient que les marchés des grandes capitalisations (type S&P 500 ou CAC 40).
On voit que cela ne s’améliore pas vraiment et que l’on est pas loin de 100%.
Les investisseurs actifs déterminent le prix de actifs
Mais c’est vrai que ce sont les investisseurs actifs qui aident à former les prix (ce que l’on appelle le « price discovery » en anglais). Les investisseurs passifs profitent de cela (quasiment) gratuitement. Mais si ce sont eux qui forment les prix, ceux sont eux qui forment les bulles et engendre des krachs ? Les bulles et les krachs sont créés par l’influence sur le nombre d’actions échangées, et non pas le poids dans le stock des actions. Et la gestion active est bien plus active que la gestion passive non ? Donc la gestion active fait plus de va et viens sur le marché et a plus d’influence sur le marché. En fait, la gestion passive représente une partie infime des échanges sur le marché (dans les 5% selon Blackrock et Vanguard).
Aussi, les gestionnaires actifs s’inquiètent de savoir ce qui va se passer lorsque les investisseurs passifs vont vendre leurs ETF et fonds indiciels pendant les krachs ?
Oui beaucoup vont vendre par peur. Mais ce sera pire pour les fonds actifs. Cela s’est toujours passé comme ça jusqu’à maintenant ! Donc les investisseurs dans les fonds actifs vont plus alimenter le krach que les investisseurs en fonds passifs.
En 2018, les investisseur ont continué à investir dans les fonds passifs et ETF malgré la baisse des marchés
D’ailleurs que s’est-il passé en 2018 alors que le maché à largement baissé ? Le graphique suivant monte les flux selon la typologie fonds actifs / ETF / Fonds passifs non cotés.
On voit qu’en 2018 les investisseurs ont retiré beaucoup d’argent des fonds actifs. En revanche, ils ont continué à alimenter leurs ETF et fonds passifs …
Que se passerait-il si tout le monde investit en ETF ?
Cela n’arrivera pas !
On a vu que l’on était bien loin des 100% ETF et fonds passif ! Mais cela n’arrivera pas ! J’ai déjà écrit un article à ce sujet sur ce blog. Mais en résumé : il y aura toujours des gens qui voudront faire mieux que la moyenne. Les fonds actifs baisseront leurs frais et leur performance remontera. Il y aura toujours un équilibre entre fonds actifs et fonds passifs.
Sur le plan théorique, cela dépend de pas mal de paramètres
Mais je partage avec vous ce qu’a écrit Eugene Fama, prix Nobel d’Économie, et spécialiste de ces questions :
C’est une question compliquée que nous abordons longuement dans “Disagreement, Tastes, and Asset Prices” (Journal of Financial Economics 2007). La réponse dépend dans une certaine mesure de qui devient passif. Si les investisseurs actifs mal informés (qui rendent les prix moins efficaces) deviennent passifs, l’efficacité des prix s’améliore. Si certains investisseurs actifs informés deviennent passifs, les prix ont tendance à devenir moins efficaces. Mais l’effet peut être faible s’il y a une concurrence suffisante entre les investisseurs actifs informés restants. La réponse dépend également des coûts de découverte et d’évaluation de l’information pertinente. Si les coûts sont faibles, alors pas beaucoup d’investissement actif est nécessaire pour obtenir des prix “efficaces”.
Eugene Fama
Il ne me semblerait pas absurde de penser que :
- Les gérants actifs vont continuer à baisser leur frais, ce qui les rendra plus attractif
- Ce sont les gérants actifs les moins compétents qui seront éjectés de systèmes. Les meilleurs gérants se battront alors entre eux. Et ils suffit de peu d’excellents gérants pour avoir des prix fixés de façon qualitative.
Donc, même sur le plan théorique cela ne me paraît pas complètement inquiétant.
Le problème de liquidité des ETF ?
Michael Burry reproche aux ETF d’être trop liquides !
Donc Michael Burry dit ici que les ETF sont étonnants, car ils sont parfois plus liquides que leurs sous-jacents. Il veut dire que l’on peut facilement investir en bourse dans des ETF, notamment parce qu’il y a beaucoup de volume en bourse, même si on peut difficilement acheter les obligations qui font partie de l’indice suivi par les ETF. C’est particulièrement vrai pour les ETF suivant des obligations dites « High Yield » (de mauvaise qualité).
La liquidité d’un ETF dépend du sous-jacent et pas de son volume en bourse
Et bien je dis plus ou moins la même chose. Lisez mes livres et suivez ma formation. J’explique clairement pourquoi le volume en bourse n’est pas le bon indicateur pour mesurer la liquidité d’un ETF !
Ce “problème” existe pour tous les produits financiers, dont les fonds actifs
Mais cela arrive pour plein de produits financiers, par exemple :
- Une SCPI est peu liquide, mais bien plus liquide qu’un immeuble.
- De nombreux holdings, dont Berkshire Hattaway de Warren Buffett, cotent en bourse de manière très liquide, alors qu’ils sont investis dans des sociétés non cotées et donc très peu liquides !
- Les fonds actifs peuvent aussi être plus liquides que leur sous-jacents. Et ils ont récemment plus posé de problème que les fonds passifs … Regardez notamment l’affaire Woodford au Royaume-Uni.
La liquidité est un sujet complexe, mais il est vraiment sage pour un épargnant de s’y intéresser. Car oui, les crises de liquidité arrivent au plus mauvais moment.
Petites anecdotes sur la liquidité et les ETF
Puisque l’on parle de la liquidité des ETF, savez-vous que les ETF grecs ont continué à être échangés pendant la fermeture de la bourse grecque en 2015 ? De même, des ETF égyptiens ont continué à être échangés pendant la clôture de la bourse égyptienne en 2011. Le prix de ces ETF a évolué bien que les bourses étaient fermées. Et ces ETF ont été le seul moyen de déterminer le prix des actions (« price discovery »).
Mon avis sur le film « The Big Short »
J’en ai profité pour regarder à nouveau The Big Short. Et, encore une fois, je n’ai pas été déçu. Je trouve que ce film mérite bien mieux que sa note sur Allociné, de 3,6 sur 5. Je lui donne 4,2.
De plus, il a le mérite d’assez correctement vulgariser des sujets compliqués. Et certaines choses qui passent inaperçues me paraissent très vraies. Par exemple (je laisse de côté les explications sur les CDS, MBS, CDO et CDO synthétiques) :
- Dès le début du film, Michael Burry s’étonne que l’immobilier à San Jose, la « Mecque » de la technologie, n’ait pas chuté pendant la crise des technologies de 2000. Son assistant répond « normal l’immobilier c’est sûr ». A méditer !
- On y explique que les investisseurs sous-estiment les événements rares. A méditer !
- On voit clairement que ce n’est pas facile d’agir contre le marché pour des raisons de timing. On perd beaucoup d’argent tant que l’on n’a pas gagné. Les gérants ont un gros risque de carrière lorsqu’ils font cela. Donc ils ne le font jamais. En fait, les gérants actifs ne sont pas si actifs que cela dans la réalité. Parfois (souvent ?), la gestion dite active est seulement de la gestion passive chère comme je l’explique dans ce billet sur le blog.
- L’explication de Richard Thaler (le vrai, celui qui a depuis eu le prix Nobel) et de Selena Gomez (la vraie) sur le concept de « hot hand » est hyper claire. Je vous laisse regarder (sur Netflix par exemple).
Attention au “je le savais”
Je regrette juste une chose. On ressort tout de même je trouve avec le sentiment, qu’il était facile de « savoir » pour celui qui sait regarder. Il y a d’ailleurs un dialogue intéressant sur le sujet :
- Michael Burry dit à son boss que l’immobilier est en bulle et que tout le monde sait de quoi sont remplis les MBS (qu’ils ne valent pas un clou)
- Son chef lui répond que le propre d’une bulle c’est justement que l’on ne sache pas qu’elle existe.
Sur ce coup-là, c’est clairement le chef de Burry qui a raison. C’est facile après coup de dire « je le savais ».
Je peux vous dire qu’au prochain krach, et il arrivera c’est sûr (on ne sait juste pas quand), on trouvera plein de gens pour dire « je le savais ». C’est si humain … (et bien documenté par la science).
Cela étant dans le texte de clôture du film on peut lire “Mark Osborn n’a jamais dit “je le savais””. Les auteurs du film ont donc bien le recul. J’espère que les spectateurs aussi.
Conclusion pour l’Épargnant 3.0 : Michael Burry a-t-il raison ?
Taper sur la gestion passive c’est le jeu du moment dans la gestion active. Pourquoi pas !
Ce que dit Michael Burry n’est pas nouveau. Et le fait qu’il ait eu raison une fois (contre tout le monde et dans de larges proportions) ne devrait pas inciter à plus le croire que les autres.
Je n’ai pas encore lu d’arguments intéressants anti gestion passive ! Mais j’espère que cela viendra. Car, comme tout dans la vie, rien n’est parfait ! Il y a toujours des opportunités d’amélioration.
La gestion active n’est pas parfaite, mais ce n’est pas non plus « le mal ».
D’ailleurs, finalement on oppose trop souvent gestion active et gestion passive. Par exemple :
- Comment classer le Smart Beta qui investit de façon peu chère dans des indices ne suivant pas le marché ou Warren Buffett qui garde ses actions pendant des dizaines d’années ?
- Investir dans des ETF pays, sectoriels ou thématiques n’est-ce pas avoir une vue active sur le marché et donc contribuer à fixer correctement les prix ?
Comme je l’explique dans cet article, je préfère parler de gestion discrétionnaire ou automatisée.
Pour clôturer deux petits commentaires :
- Les gérants actifs n’investissent-ils pas en agrégat comme le marché donc comme les gérants passifs ? Quelles conclusions en tirez-vous ?
- Si l’on critique tant les ETF n’est-ce pas parce que c’est un petit peu révolutionnaire ?
Sur ce, je vous souhaite le meilleur pour votre épargne … et surtout pour tout le reste.
Bonjour,
Le caractère synthétique de beaucoup d’ETF ne vient-il pas complètement fausser le raisonnement de Michael Burry (j’imagine qu’il sait très bien comment fonctionne un ETF) ? Lorsque j’achète mon Amundi S&P500, il n’y a que 12,5% qui partent dans le marché américain (la lecture de l’inventaire comptable sur le site d’amundi est intéressante à cet égard). La découverte des prix est au pire brouillée par ce fonctionnement synthétique (et encore, un ETF Passif comme le PE500 est très activement géré afin qu’il maintienne la performance du sous-jacent, la part du SWAP étant faible), mais elle ne me semble pas aveuglément dirigée par une masse d’investisseurs qui ne s’intéresseraient pas à l’analyse fondamentale des actions.
Concernant les ETF (synthétiques pour la plupart, j’ai l’impression), c’est l’acte d’investissement et la corrélation avec la performance du sous-jacent qui sont passifs, pas la gestion… À moins que je n’aie rien compris à leur fonctionnement.
A la lecture de cet article en pleine crise de Coronavirus (-25% sur le S&P500 en YTD), je ne peux que confirmer que Rien, mais vraiment Rien ne permet d’anticiper une crise boursière…
Par contre, le reproche pertinent que je fais aux ETF est de figer la performance relative dans actions d’un indice entre elles, car les ETFS achètent les sous jacents à hauteur de leur poids dans l’indice. Si dans quelques décennies on arrive à 60% ETF / 40% active, les prix de boitent pourries seront soutenues juste parce que des ETFs auront fait beaucoup de collecte…
Ce n’est pas ce qui se passe dans la vraie vie … Pour plein de raisons : il y a plein de types d’ETF, et il reste des investisseurs actifs.
Bonjour,
Encore un article sur le sujet chez Boursorama :
https://www.boursorama.com/bourse/actualites/le-triomphe-des-etf-attention-danger-1a478cd421930d9e5c8fff16156210a4
Oui, il y a tout le temps des articles anti ETF; c’est le jeu.
Mais il suffit de calculer la performance du MSCI world depuis le milieu des années 80, pour voir qu’il n’a pas fait 0% par an comme il le dit, mais plutôt 10% par an …
Bravo !
J’ai lu vos livres mais je me pose encore une question (je suis pas expert en bourse).
Imaginons qu’il y ait un crack et que je veuille vendre mon ETF indexé S&P500 (je sais que ce n’est pas votre recommandation mais admettons que j’ai besoin de cash au mauvais moment). Et ce que l’ETF sera encore liquide ? Autrement dit s’il n’y a pas d’acheteurs pour l’ETF, est ce que le gérant de l’ETF vend les actions soujacentes (en baissant donc son volume géré) et me créditera en cash ou y aura t il un “prix marché” de l’ETF qui va se créer (comme si l’ETF était une action comme une autre) ?
Merci pour votre temps
Bonjour Edouard,
Je trouve la question pertinente. Connaissez vous la réponse ?
Cordialement,
Michel
Bonjour Edouard,
Je viens de découvrir ton blog, c’est fort intéressant! Je vais en faire le tour et probablement me procurer vos livres.
Le bouton du guide gratuit ne fonctionne pas, ça ramène sur l’article, il n’y a pas de lien sur le bouton, j’aurais aimé le recevoir.
Salutations.
Bonjour,
Moi je suis assez d’accord : “Les investissements passifs tels que les fonds indiciels et les fonds négociés en bourse (les ETF) gonflent les prix des actions”
En effet dans énormément de fonds ETF on retrouve du Amazon par exemple. Ce simple fait augmente considérablement la hausse du cours à chaque fois qu’on achète un ETF (dans lequel se trouve cette action). Le volume des ETF est assez faible mais en croissance exponentielle, donc Amazon est surachetée. Je prends Amazon comme exemple mais ce peut être le cas aussi des actions sur-représentées dans les ETFs. D’ailleurs peut être qu’Amazon n’est pas un bon exemple, mais c’est pour vous montrer l’idée. Donc si Amazon est sur-achetée à un moment donné, on s’éloigne de sa valeur intrinsèque et une bulle se forme.
Par ailleurs, ce n’est pas parce que les ETFs détiennent un faible % des actions (excellent graphique who owns equity market) que la bulle n’est pas en train de se créer. D’ailleurs beaucoup de monde s’accorde à le dire, y compris Edouard et Michael Burry :) Les gestionnaires actif sont aussi responsables des bulles en surachetant telle ou telle action et certainement plus que les ETFs, mais ça ce n’est pas nouveau. Avec un PER de 76, je ne vois pas pourquoi l’action Amazon peut continuer ainsi et a priori quand j’achete un ETF S&P 500, j’achète du Amazon et contribue encore à faire augmenter son PER), donc je contribue à la bulle.
Je ne pense pas qu’il faille opposer la gestion active et la gestion passive car peu importe, au final l’idée est de savoir quoi faire maintenant, en prévision de la prochaine crise financière. Les 2 types de gestions y contribuent largement. Comme on dit, le taureau monte par les escaliers alors que l’ours saute par la fenêtre. Et je me dis, qu’il serait dommage, sachant qu’il va y avoir un plongeon, de continuer à se positionner sur les marchés en ce moment…
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Ben,
Merci pour votre commentaire étayé, mais je ne suis pas vraiment d’accord….
1 – Les fonds dits actifs détiennent plus ou moins la même chose que les ETF. Par exemple, Amazon c’est selon un article de Barron’s (donc en mai 2018) c’est 2,87% du S&P500, mais 3,4% des fonds actifs en moyenne. Qui sur achète s’il y a sur achat ? C’est vrai pour d’autres techs. Un ETF ne peut pas suracheter une valeur, il achète et vend tout le marché avec chaque valeur dans sa proportion du marché.
2 – Vous dites quand “j’achète du S&P 500 j’acheter du Amazon et donc fait augmenter son PER … et donc la bulle” -> ce n’est pas vrai non plus. L’effet dépend d’où vient votre achat de l’ETF S&P 500. Si l’argent provient d’un fonds dit actif avec plus de frais, il n’y a pas d’effet pour le marché. Vous allez juste, vous gagner des frais. Si l’argent vient du cash, cela va faire monter le cours de l’ensemble des actions du S&P500 dans les mêmes proportions pour chacune. Et dans les faits les flux vers les ETF viennent des fonds actifs, pas du cash. Et même si cela venait du cash, l’effet résultant ne viendrait pas du fait des ETF, mais de plein d’autres choses. Les gens ne se mettent pas à investir en actions seulement parce qu’ils aiment les ETF. Probablement, par exemple, plus parce que les banques centrales ont décidé que le sans risque ramenait 0%.
Bonjour,
Article intéressant, cela éclaire pas mal sur une question qui pourrait vite devenir nébuleuse lorsqu’on a qu’une petite éducation financière comme moi, merci.
“Les gérants actifs n’investissent-ils pas en aggrégat comme le marché donc comme les gérants actifs ? ”
Vous voulez dire comme les “passifs” je pense ?
Bonjour Edouard,
Vous fixez vous un montant d’investissement total sur un tracker ? Par exemple ne dépasser pas plus de 10000 euros sur un tracker donné ? Si oui quelles sont les raisons ?
Bonjour Edouard,
Ayant lu vos livres j’ai également une remarque à faire concernant les déclarations anxiogènes du monde de la finance et vous me direz si j’ai bon ou pas. Pour faire simple on comprends que tout le monde essaye de prédire quand et d’où viendra la vague mais si on regarde bien les propos il semble que peu importe ce qui se passera le problème viendra du retrait du marché et des ventes d’ETF en cas de Krach. Mais, si on lit les principes de la gestion passive on peut alors écarter ces problèmes puisque si on répartit bien ses actifs le but est justement de ne rien toucher et de laisser la vague s’écraser sur le rivage, d’attendre que l’eau se retire et que tout se re-construise. Donc finalement il n’y a pas de problème. Ai je bon ?
Merci
Laurent
Bonjour Laurent. Vous avez tout à fait vu juste. Mais c’est un discours moins vendeur pour faire parler de soi …
Je prends le temps de vous féliciter car j’avoue je partais sur une petite note négative pour vouloir défier la parole d’un gourou tel michael burry (jole). Je reste bluffé des sources que vous êtes aller chercher. La demonstration est très claire. Néanmoins la question à se poser suite à ces manifestatilns de gérants est à qui profite le crime? Que cherche notre cher monsieur burry dans ce genre de déclaration? Il est tjrs gérant après son enorme coup? Salutation et continuez vos articles.
Merci Michael bien sûr que les gérants actifs et ceux de hedge funds veulent attirer des capitaux ! Dont Burry … Aussi lorsqu’on a de mauvaises performances l’humain a une fâcheuse tendance à attribuer ses debouares aux autres. En revanche à qui attribue-t-on ses succès ? Tellement humain !
Encore une fois, impressionnant Edouard cet article, très complet et incroyablement documenté, Merci !
Je pense que ceux qui crient le plus aux orfraies sont ceux qui ont le plus à perdre. Il est évident que les gestionnaires actifs (notamment et surtout ceux de Hedge Funds), ainsi que vous le dîtes, sont davantage sous ‘pression’, et remontés face aux ETF, dont la part croît régulièrement.
J’ai lu récemment (de mémoire, une analyse d’un économiste, ces derniers mois, dans une newsletter de Binck) que l’encours total des ETF et fonds indiciels investis aux US représentait environ 30%, et 10% en Europe, cela laisse encore une certaine marge…je n’ai pas de boule de cristal, mais la bulle n’est tout de même peut-être pas pour demain.
Enfin, pour ceux que cela intéresse, il y a un petit bouquin bien écrit (au moins pour ses 115 premières pages, le reste étant un peu alarmiste pour rien à mon goût), en anglais, de Davis Schneider : “Index Funds & ETF – What they are and how to make them work for you).